Autre-Monde tome 2 : vers où se dirige la série ?

Dans (Re)Lire, nos rédacteurs se penchent sur des œuvres qui ne sont pas des nouveautés, mais qui ont marqué la littérature. Qu’il s’agisse de succès intemporels ou d’ouvrages injustement méconnus, venez (re)découvrir ces pépites du passé à nos côtés.


Après un premier tome très réussi aux nombreuses qualités, la difficulté se trouve dans le fait de poursuivre sur la même voie. Ainsi, est-ce que le tome 2 de la saga Autre-Monde, intitulé Malronce, saura relever le défi de faire au moins aussi bien que le tome 1 ?

L’histoire

Après être partis de l’île des Pans, Matt, Tobias et Ambre arpentent les routes des États-Unis en direction du repaire de Malronce, la reine des Cyniks, qui semble en vouloir aux Pans au point de les pourchasser. Le seul indice que l’alliance des trois a en sa possession est cette expression : « la Quête des Peaux. » Tout en fuyant le Raupéroden qui en a après Matt, les trois héros cherchent à comprendre les raisons de la chasse menée par Malronce. En chemin, ils font la rencontre d’étranges peuples Pans, mais aussi de Cyniks qui changent leur vision de la vie après la Tempête.

Une intrigue ambitieuse mais inégale

Autre-Monde : Malronce reprend directement à la suite du premier, mais débute par un long rappel des événements passés. Cette mise à niveau, pensée comme un « précédemment », manque de subtilité et casse l’immersion : les personnages se remémorent des faits survenus quelques jours plus tôt pour eux, ce qui sonne artificiel. Une fois ce cap passé, l’intrigue se structure en trois parties, comme le premier tome, avec une nette bascule vers l’action dans le dernier tiers.

Le cœur du récit suit toujours Matt, Tobias et Ambre dans leur quête autour de Malronce et de la mystérieuse Quête des Peaux. Matt s’impose comme leader, mais enchaîne des décisions peu judicieuses, souvent prévisibles pour le lecteur, ce qui affaiblit la tension. L’intrigue secondaire autour du Raupéroden, pourtant prometteuse, s’avère répétitive et peu utile : elle occupe de l’espace sans apporter de véritables révélations. De nombreuses péripéties s’enchaînent selon un schéma classique du roman d’aventures, mais elles restent sans conséquences durables, donnant parfois l’impression d’un récit qui avance par accumulation plutôt que par progression.

L’univers toujours aussi riche, mais parfois trop juxtaposé

Là où le roman gagne en intérêt, c’est dans l’expansion de son univers. Les Chloropanphyles, peuple vivant en symbiose avec la nature, constituent une idée forte et originale, tant par leur biologie que par leur organisation sociale. Leur histoire, leurs croyances et les secrets qui les entourent apportent une vraie profondeur à l’univers d’Autre-Monde. Les Cyniks, déjà aperçus dans le tome 1, sont ici explorés de l’intérieur, avec une vision particulièrement sombre marquée par l’esclavage et la violence envers les enfants.

Cependant, le passage d’un peuple à l’autre se fait de manière très abrupte. Chaque société semble presque étudiée indépendamment des autres, ce qui crée un effet catalogue ou documentaire, au détriment de la cohérence globale du monde. L’univers est riche, mais l’articulation entre ses différentes composantes manque parfois de liant.

Des personnages et des thèmes plus sombres

Les personnages secondaires gagnent en épaisseur, notamment certains déjà présents dans le premier tome, mais les protagonistes principaux peinent à évoluer. Matt stagne dans un rôle de meneur peu réfléchi, sans véritable arc narratif, tandis qu’Ambre apparaît plus mature et plus cohérente dans ses choix. Tobias, de son côté, progresse surtout à travers la maîtrise de son altération, évolution attendue mais efficace. Du côté des antagonistes, la multiplication des personnages, avec Malronce, le Raupéroden et le Buveur d’Innocence, brouille la lisibilité de l’intrigue. Le Buveur d’Innocence se distingue par sa noirceur et son impact réel sur le récit, mais les autres antagonistes sont mal équilibrés, apparaissant et disparaissant selon les besoins du scénario.

L’écriture reste fluide et efficace, mais le rythme pose problème. Les monologues intérieurs ralentissent l’action, tandis que certaines scènes s’enchaînent trop rapidement. Surtout, le roman aborde des thèmes très durs (viol, pédophilie, meurtre) qui tranchent fortement avec le ton du premier tome et avec le public visé. Cette noirceur, assumée, peut surprendre et rebuter.

En résumé,Autre-Monde : Malronce est un roman plus mature que le précédent, accompagnant sûrement l’évolution du public cible. Cependant, l’intrigue souffre d’un rythme inégal, de péripéties peu conséquentes et de personnages principaux en manque d’évolution. Plus sombre et plus violent que le premier tome, il marque une rupture de ton qui ne conviendra pas à tous les lecteurs, mais pose malgré tout des bases intéressantes pour la suite de la saga.

S’inscrire à notre newsletter mensuelle :

Les commentaires sont fermés.

Créez un site ou un blog sur WordPress.com

Retour en haut ↑