Sorti en 2019 et réalisé par Jason Lei Howden, Guns Akimbo raconte l’histoire de Miles un développeur de jeux vidéo persuadé d’être un redresseur de torts lorsqu’il trolle d’autres trolls sur Internet. Dans le monde de Miles, un programme vidéo clandestin nommé « Skizm » (rien à voir avec Tom Petais), diffuse en live des matchs à mort entre différents criminels se déroulant en pleine rue. Le tout dans un mélange d’indifférence (visiblement, la police se fout totalement qu’une organisation illicite pirate les caméras de surveillance de la ville pour permettre à des millions de spectateurs de voir des gens s’étriper avec tout ce qui leur tombe sous la main) et de plaisir pervers. L’émission semble être suivie par des milliers de personnes, comme s’il s’agissait d’un simple jeu télévisé. Las de s’en prendre à de simples commentateurs YouTube un peu trop salés, Miles décide de se rendre sur le site web où est diffusé Skizm pour dire à tous ses spectateurs quel point il faut être tordu pour se marrer devant des gens qui s’entretuent (dans des termes qui comportent plus de moqueries à base de pénis et de mamans. Étrangement, cela ne fait que redoubler l’ardeur des fans de massacre à se montrer insultants et puérils, qui l’eut cru ? Miles pensait peut-être que si les Allemands ont reculé en 1943 lors de la bataille de Krousk, c’est parce que les Soviétiques les ont traités de sodomites caprins ? Toujours est-il que le grand big boss du site web en question, plutôt que de se contenter de laisser les gens s’écharper dans les commentaires, décide de trouver Miles via son IP (que, malgré son talent pour l’informatique, il n’a pas su masquer) et de le faire enlever à son domicile. Riktor, de son prénom, pourrait passer ce petit con à tabac ou de le tuer, mais il choisi plutôt de clouer des armes aux mains de Miles (oui, oui, vous avez bien lu, mais apparemment ça pique juste un peu alors ça va) et de lui dire qu’il le libérera s’il parvient à tuer Nix, championne invaincue de Skizm.
Si, pendant les trois premières minutes de film, vous avez cru que Guns Akimbo allait offrir une critique sociale de la violence de certains divertissements, des dérives du Web et de l’impunité des gens sur Internet, abandonnez tout espoir. La suite se résume à une succession de séquences ultraviolentes, orchestrée par un personnage qui passe son temps à critiquer la violence. Cette absence de logique ne semble effleurer personne, pas plus que le fait qu’un type aussi tordu que Riktor ait réussi à monter toute cette organisation, ni que personne d’autre que Miles ne se soit indigné avant du contenu proposé par Skizm… De même, la fameuse Nix, alors qu’elle est à peine sortie de l’adolescence, semble capable de manier absolument toutes les armes qui lui passent sous la main : du lance-roquettes au fusil à pompe, en passant par le C4 et le couteau à beurre !
Épargnons-nous toutes les scènes pleines de quiproquos prévisibles, de policiers stupides, de clichés aussi grands que la vulgarité de ce film et de références à la pop culture placées-là uniquement pour se donner une image, pour sauter directement à la fin. Après moults péripéties, les spectateurs de Skizm finissent par prendre le parti de Miles et en faire leur idole (rappelons tout de même qu’il les insultait au début du film). Lorsque ce dernier parvient à atteindre Riktor et à le tuer (on rappelle que c’est le héros qui critiquait la violence il y a une heure trente de ça), ils l’acclament (alors qu’il vient ainsi de signer l’arrêt de mort de leur émission préférée). Scène finale : Miles part dans une superbe voiture (mais comment se l’est-il procurée ?) pour éliminer les autres filiales de Skizm ailleurs dans le monde, comme le héros qu’il se targuait d’être au début de l’histoire.
Il a donc fallu 93 minutes à Guns Akimbo pour raconter l’histoire d’un nerd pathétique qui stalke son ex sur Instagram et qui évacue sa frustration en lâchant son fiel sur Internet. Néanmoins, rassurez-vous, il finit par devenir un héros, il lui suffit d’adopter le comportement qu’il critique tout le long du film. L’ensemble est saupoudré d’une vulgarité crasse et de scènes dont la brutalité n’est qu’un argument marketing destiné à exciter le spectateur avide de scènes subversives. Sauf que de subversif, le film n’a que l’illusion, à moins de penser que se vautrer dans la crasse intellectuelle et d’insulter son public en se montrant incapable de lui servir une seule scène cohérente est révolutionnaire. Et ce n’est certainement pas la présence de Daniel Radcliffe qui sauvera un tel navet.
| Alors, n y a-t-il vraiment rien à tirer de Guns Akimbo ? Si, une citation, la seule intelligente de tout le film, prononcée par Miles lorsqu’il utilise une arme pour la première fois : « Funfact. En vrai, les balles tirées font beaucoup plus de bruit que dans les films. Dans la vraie vie, Rambo ne serait pas en train de combattre des guérilleros, il apprendrait le langage des signes.« Voilà, cette perle de sagesse vous aura épargné une heure trente de médiocrité. De rien. |
