Le label Verso continue d’alimenter son catalogue en nouveautés juteuses : après avoir publié deux romans de Romain Lucazeau, puis s’être lancé dans divers genres, il avait marqué les esprits littéraires avec Nettle and Bone, roman de l’autrice Ursula Vernon, alias T. Kingfisher. Ce conte de fées macabre avait permis de faire découvrir l’univers gothique et atypique de l’autrice, et c’est avec une grande hâte que nous attendions la sortie de son nouveau roman : Quand vient la sorcière. Mais est-il vraiment à la hauteur de son prédécesseur ?
L’histoire
Dans la maison de Cordelia, aucun secret n’est permis et les portes doivent toujours rester ouvertes. À la moindre désobéissance, sa mère Evangeline, qui détient une magie que l’on croyait disparue depuis longtemps, l’oblige à demeurer immobile et muette des heures, parfois des jours entiers… Quand des morts suspectes frappent leur village, cette dernière entraîne sa fille dans une fuite nocturne qui les mène jusqu’à un manoir isolé, demeure d’un riche propriétaire, le Squire, et de sa sœur Hester. Car Evangeline est bien décidée à piéger le Squire dans un mariage afin de se mettre à l’abri du besoin. Mais Hester, pressentant le danger imminent, met au point son propre plan pour la contrecarrer, avec l’aide de ses amis de longue date et de Cordelia, qui va devoir trouver la force d’affronter sa mère et son terrible pouvoir. Ensemble, parviendront-elles à arrêter Evangeline avant qu’il ne soit trop tard ?
Le cozy horror à l’anglaise !
Après le succès de Nettle and Bone, il ne faut pas s’étonner de voir quelques redites dans ce nouveau roman. Quittant les arcanes de la noblesse médiévale et leurs luttes de pouvoir, l’autrice lorgne cette fois sur l’aristocratie anglaise de l’ère victorienne, afin de continuer à disséquer ces univers codifiés à l’extrême.
Pour autant, il perdure un élément clé entre les deux romans : une héroïne marginale, dépourvue de volonté, subissant les outrages de personnages souvent plus puissants qu’elle, et n’attendant qu’une étincelle de révolte afin de s’épanouir. Ici, notre chère Cordelia subit l’emprise toxique d’une mère sorcière cherchant à s’élever socialement… à n’importe quel prix. C’est avec un soupçon de fantasy et beaucoup de cozy horror victorienne que Kingfisher construit un thriller de très bonne facture, rempli de multiples twists, qui souffre cependant de quelques affres. En effet, si l’intrigue s’avère alléchante, il faudra attendre un certain moment avant qu’elle ne prenne véritablement son envol, ce qui est dommage. Côté personnages, seuls certains, comme Cordelia ou Hester, arrivent vraiment à gagner notre sympathie grâce à leur construction soignée, là où l’antagoniste souffre d’un cruel manque de développement.
| Avec Quand vient la sorcière, Kingfisher tente à nouveau d’émuler le succès de son précédent roman, en y parvenant seulement à moitié. La faute à un duo de personnages principaux qui aurait mérité d’être davantage caractérisé. Pour autant, la lecture se fait sans mal, et on a hâte de découvrir le prochain roman de l’autrice ! |
