Les voyages, Frédéric Dupuy, ça le connaît bien, puisqu’il est fondateur des éditions 1115, spécialisées dans les voyages littéraires. Arborescentes est son premier roman et quel voyage ! Nourrie d’inspirations diverses, mais qui parviennent à cohabiter dans une parfaite harmonie, l’histoire est fascinante, exotique et possède un humour noir délicieux.
« L’intelligence, ce n’est pas tout savoir, c’est savoir qu’on ne saura pas tout. »
Arborescentes, Frédéric Dupuy
La Belle au bois dormant
Hélène ne parle pas. Hélène ne se montre pas. Hélène ne fraternise pas. Mais surtout, Hélène ne dort pas. Depuis que sa mère a été frappée par le « syndrome de la Belle au bois dormant » qui l’a plongée dans le coma, la petite fille a décidé de ne plus fermer l’œil. Jusqu’au jour où une étrange infirmière nommée Pepper vient la sortir de l’orphelinat des sœurs Aniel, dans lequel elle a presque toujours vécu, pour l’emmener ailleurs. Dans un endroit mystérieux et secret, une forêt magique où l’on mange des crêpes à longueur de journée et d’où on lui assure qu’elle reviendra guérie. Plus qu’un remède, c’est un mystérieux pouvoir que la fillette va découvrir là-bas. Un pouvoir qui pourrait être la seule chose capable d’arrêter Ares Varkoda, un magnat de l’industrie pharmaceutique, prêt à tout pour s’approprier les plantes aux vertus curatives de l’énigmatique forêt.
Hélène et les garçons
À contrepied des héroïnes fantastiques classiques, Hélène est taciturne, disgracieuse et joyeusement soupe-au-lait ! C’est là l’un des talents de Frédéric Dupuy : créer des personnages profonds et fascinants sous un aspect loufoque, voire austère. Outre la jeune Hélène, on trouve pêle-mêle une scientifique un brin aventurière qui fume la pipe, une infirmière moitié marraine bonne fée, moitié garde du corps, un grand méchant égoïste et jusqu’au-boutiste comme on en voit trop souvent à la tête de nos propres multinationales, et même un trio de pestes qui n’ont pas fini de surprendre les lectrices et lecteurs…
Des protagonistes aux valeurs parfois diamétralement opposées qui évoluent ensemble, un roman mêlant magie et science avec un soupçon de steampunk, des paysages allant de la jungle amazonienne aux côtes d’une île irlandaise, en passant par Paris et Nantes, et des sujets aussi sensibles que l’écologie, la santé, l’intégration… Arborescentes est un patchwork d’idées, de références et de styles. Dit comme ça, on pourrait croire que le roman en fait trop ou qu’il se disperse, mais il n’en est rien. Au contraire, tous ses éléments s’associent parfaitement pour offrir une histoire ficelée à la perfection.
Avec un humour et une insolence qui rappellent Les Désastreuses aventures des orphelins Baudelaire ou L’Océan au bout du chemin, Arborescentes entraîne ses lecteurs avec d’autant plus de facilité que son style est fluide et plaisant. Un roman atypique et terriblement original.