Bota Bota : amour propre

Paru Itagaki, la créatrice du très célèbre Beastars revient avec one-shot féminin et sanglant chez Ki-oon. Ni shojo ni shonen, cette histoire originale et pas si déjantée parvient à aborder avec humour des sujets difficiles, liés à l’enfance, l’amour et la sexualité, au travers d’une histoire plus profonde qu’il n’y paraît.

Une histoire propre

Mako a un énorme problème, une mysophobie (peur de la saleté) tellement exacerbée qu’elle se met à saigner du nez dès qu’elle touche quelque chose jugé « sale ». Dans ces conditions, impossible d’être en couple avec quelqu’un (car comment embrasser une bouche pleine de bactéries ?) et encore moins d’avoir des relations sexuelles ! Mako, frustrée et désespérée, tente de comprendre comment dépasser ce handicap pour vivre enfin une vie affective épanouie.
 Et si le problème était plus profond qu’une simple phobie et remontait à son enfance, à l’époque où ses parents se sont séparés ?

Qui veut épouser Mako ?

Sous couvert d’un pitch initial joyeusement débridé, Paru Itagaki dénonce les traumatismes psychologiques refoulés, les injonctions sociales, ainsi que le regard qu’on porte sur soi et sur les autres. Drôle et touchante, Mako tranche avec les héroïnes japonaises classiques par son caractère expansif et sa sexualité assumée. Loin des filles timides qui attendent leur prince charmant, elle prend les devants, n’hésite pas à aguicher les hommes ouvertement et à les rejeter lorsqu’ils se montrent incapables de la satisfaire. Ce qui ne l’empêche pas d’être rêveuse, sensible et d’espérer rencontrer le grand amour.

Malheureusement, désespérée par le dégoût que sa situation provoque, elle ne se montre pas très sélective en matière d’hommes et tombe sans arrêt sur des types qu’elle terrorise ou des goujats qui la méprisent. Ce sentiment de rejet va l’amener à réfléchir aux origines de sa phobie et aux véritables causes de son mal-être. Dans une introspection crédible et bien amenée, elle déroule le fil de ses traumas, de ses déceptions et fait un vrai travail de psychologue pour comprendre comment changer sa vie. Au-delà de son aspect loufoque, le manga porte donc un message bienvenu sur l’estime de soi et la nécessité d’accepter de se confronter à ses peurs pour les dépasser.

Avec une conclusion pleine d’empouvoirment et de positivité, Bota Bota surprend en se révélant bien plus qu’une histoire gentiment absurde, propice aux gags sanglants. Amateurs de seinen plus malins qu’il n’en ont l’air, osez Bota Bota ! Un manga qui invite à penser ses envies et ses peurs autrement.

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