Shuzo Oshimi fait partie de ces (trop rares) mangakas au style unique et à la démarche reconnaissable parmi tant d’autres. À la façon d’autres artistes contemporains, comme Inio Asano ou Keigo Shinzo, ses mangas se révèlent être davantage que des récits : ils sont aussi des champs d’expérimentation graphiques. Happiness, qui succède à ses précédentes créations que sont Dans l’intimité de Marie et Les Fleurs du Mal, se révèle être la plus riche, visuellement parlant, tout en lorgnant sur le fantastique de façon plus prononcée.
L’histoire
La première année de lycée de Makoto Ozaki est une série d’humiliations et de déceptions. Mais, une nuit, une fille mince et pâle lui saute dessus pour boire son sang et lui offre le choix entre mourir ou vivre comme elle… Makoto choisit de vivre et, doté d’une force nouvelle, il ne sera plus le jouet de ses camarades. Mais prisonnier d’un corps qui n’a plus rien d’humain, l’adolescent réalise qu’il a quitté un enfer pour un autre…
Spirale vampirique
Les inspirations graphiques sont ici nombreuses, depuis une nuit étoilée van goghienne jusqu’à des visages crispés d’effroi, dignes d’un certain pape peint par Francis Bacon. La recherche graphique explore aussi la frontière entre vampire et humain, au travers de doubles et pleines pages purement fascinantes.
| Derrière un récit de vampire somme toute traditionnel, Oshimi offre une incursion onirique et critique sur l’adolescence, ses travers familiaux et ce que l’attrait du fantastique peut apporter à des jeunes en perte de repères. Chaque volume se dévore à vitesse grand V, et la fin se révèle aussi intense et démesurée que l’on peut l’espérer de la part d’un grand génie comme lui. |
