Fraîchement publié chez les éditions ActuSF, Le Bouffon de la Couronne est le premier roman de Thibault Lafargue. Ce nouvel auteur, initialement scénariste et réalisateur de cinéma, nous plonge dans une fantasy médiévale sous un angle de vue unique, celui des mésaventures d’un bouffon à la cour.
L’histoire
Il en faut des hasards du destin pour que Sebrain, jeune homme dédié à la religion du Triste, devienne Tirelangue, le bouffon du château de Belle-la-Ménure. Suite à une terrible maladresse lors d’une rencontre diplomatique, il se voit nommé « bouffon » par le roi afin d’éviter un désastre. Ce mensonge le propulse au cœur des intrigues de la cour, où il découvrira à ses dépens la règle d’or du métier : un bouffon qui ne fait pas rire est un bouffon en danger…
« Un bouffon est en dessous du peuple mais au-dessus du roi.
Amuse le roi et tu amuseras la cour.
Alors, tu seras l’être le mieux loti du château. »
Dans sa structure, Le Bouffon de la Couronne est un récit médiéval classique : il présente au lecteur deux pays en guerre, la Ponance et la Levance, une religion omniprésente et son inquisition, ainsi qu’une légère pointe de magie. Il tire pourtant son épingle du jeu en dévoilant un univers original, auquel le lecteur ne s’attend pas.
Pour être heureux, soyez triste
Thibault Lafargue brille dans la création d’un world building qui s’étoffe de page en page sans jamais perdre en cohérence. Son univers morne et atypique, à commencer par la Tristesse, présentée dès les premières pages, prouve qu’il est encore possible d’utiliser certains stéréotypes de la fantasy sans tomber pour autant dans le cliché exaspérant. Thibault Lafargue décrit une religion où la foi et la dévotion passent par les larmes et dont la plus haute figure religieuse est un enfant élu appelé Le Marionnettiste. Le développement de la Tristesse et de son combat contre l’Art et sa magie cryptique est un élément central du récit, qui tient tout autant en haleine le lecteur que les cabrioles et les mésaventures de Sébrain.
Le bouffon, pièce centrale de l’échiquier
Le traitement du bouffon au sein de la royauté est un sujet rare dans l’imaginaire, plus encore lorsque l’auteur en fait son personnage principal. Jeux de pouvoir, enquête, meurtre, torture et intrigues politiques vont transformer le quotidien de Sébrain en véritable lutte, ou seules les facéties de son personnage, Tirelangue, permettront de le tirer d’affaire.
Sébrain est un personnage profondément humain, qui va prendre pleinement la mesure de sa condition de bouffon de la cour. Constamment tiraillé entre la nécessité de survivre et le bien-être du royaume et de son roi, il va devoir se prêter au jeu de pouvoir mis en place par les différentes castes de Belle-la-Ménure.
Son rôle de benêt du château va rapidement l’amener à découvrir de nombreux secrets sur la noblesse qui y réside, faisant de lui un précieux allié autant qu’une cible à abattre.
| Le Bouffon de la Couronne pose de solides bases pour ce diptyque de fantasy. En bon scénariste, Thibault Lafargue à su construire un univers plein de surprises, dans lequel il jongle habilement entre dialogues truculents et coups de théâtre pour transformer un récit qui prend son temps en véritable page turner. |
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