Dans (Re)Lire, nos rédacteurs se penchent sur des œuvres qui ne sont pas des nouveautés, mais qui ont marqué la littérature. Qu’il s’agisse de succès intemporels ou d’ouvrages injustement méconnus, venez (re)découvrir ces pépites du passé à nos côtés.
Capitaine Futur, alias Capitaine Flam pour les intimes, est, à l’origine, une série de livres écrite par Edmond Hamilton, qui a vu récemment son tome 1 réédité, et son tome 7 être publié chez les éditions Le Belial. L’occasion parfaite pour nous replonger dans ces récits dont le succès a donné lieu à une adaptation en animé au Japon dès 1978 et qui a bercé l’enfance de certains.
L’histoire
Il y a Simon Wright, un scientifique exceptionnel, dit le Cerveau, ce qu’il est, littéralement, lui qui vit dans un bocal de sérum ! Puis Grag, la montagne de fer indestructible dotée d’outils intégrés étonnants. Sans oublier Otho, l’androïde synthétique, spécialiste du combat rapproché, de l’infiltration et du camouflage. Eux, ce sont les Futuristes, la plus stupéfiante association qui puisse s’imaginer. Enfin il y a celui qu’ils ont élevé, celui qu’ils ont juré de protéger, celui qui est devenu leur leader : Curt Newton, le géant roux, le sorcier de la science doté d’un esprit hors norme, infatigable justicier connu des peuples du Système sous le nom de capitaine Futur. Tous les quatre, ils veillent sur les neuf mondes et au-delà, attentifs, depuis leur base lunaire à l’emplacement secret. Or, un fléau court à travers le Système solaire, une épouvantable pandémie derrière laquelle semble se tapir un mystérieux criminel, l’empereur de l’Espace. Il n’est alors qu’un seul recours : celui du capitaine Futur ! Les tuyères du Comète, le formidable vaisseau des Futuristes, crachent déjà la puissance de l’atome : l’empereur de l’Espace n’a qu’à bien se tenir !
Un pilier de la science fiction
Pour aborder la lecture de ce roman, il est essentiel de le remettre dans le contexte de sa publication initiale. En écrivant Capitaine Futur, Edmond Hamilton s’est positionné comme précurseur d’un genre dont il est l’un des inventeurs, le space opéra. Le lectorat découvre alors les prémices des récits de science-fiction, dont le scénario se passe principalement dans l’espace et où les protagonistes vivent des aventures peu communes naviguant parfois de planète en planète.
Cependant, Capitaine Futur n’est pas que le produit d’un genre nouveau, c’est également un récit écrit en plein âge d’or de la science-fiction, pendant l’essor du Pulp, période où l’on voit émerger nombre d’étrangetés au sein des récits.
Il est important de noter que l’imaginaire et les codes de l’époque ne correspondent pas à ceux d’aujourd’hui, notamment en termes d’explications scientifiques. Capitaine Futur s’avère aujourd’hui clivant pour les lecteurs, notamment pour les fans de hard SF, puisqu’il faut accepter les excentricités du récit et autres aberrations scientifiques telles qu’elles sont décrites. Il n’est donc pas choquant d’y retrouver des pistolets foudroyants, des ceintures d’invisibilité ou encore une atmosphère respirable dans les différentes planètes du Système solaire.
Pour autant l’écriture d’Edmond Hamilton ne souffre pas des problématiques littéraires de l’époque. Son récit profondément humaniste n’est sujet à aucune forme de racisme ou même de misogynie. Le traitement de la figure féminine va même à contre-courant de ce qui se faisait alors. Si les codes du genre font que la femme reste un personnage à protéger, elle n’est en rien dévalorisée par rapport à l’homme. À aucun moment elle n’est sexualisée, elle occupe des postes d’importance au même titre que n’importe qui et elle possède une force de caractère qui la met en avant dans de nombreuses scènes du roman.
Le feuilleton du dimanche
Capitaine Futur est avant tout un roman de divertissement, dont le scénario peut paraître terriblement naïf, avec un postulat qui saute aux yeux dès les premières pages : les gentils vont gagner, les méchants vont perdre.
Malgré cette simplicité, Edmond Hamilton happe le lecteur avec une facilité déconcertante parce qu’il leur fait vivre l’aventure avec un grand A. Son héros est un mélange old school entre James Bond et Indiana Jones.
La représentation du Capitaine est résolument positive, le colosse roux aux yeux gris se bat pour la justice et se fait un devoir de mettre la science au service de l’humanité. Il est fort, intelligent et charismatique, il charme les dames et inspire la crainte et le respect dans le cœur des hommes, mais, surtout, il affronte toutes les péripéties qui sont sur son chemin.
Quoi qu’il arrive, ses altercations avec l’empereur de l’espace vont le mener vers la victoire, peu importe la situation dans laquelle il se trouve, aussi critique soit elle. Des situations dont le dénouement flirte parfois avec le fameux « Ta gueule c’est magique », mais qui font indéniablement le charme de ces vieux récits !
| Edmond Hamilton est un auteur à découvrir, autant pour son travail dans la science-fiction que dans le comic. Preuve en est, quatre-vingt-cinq ans plus tard, Capitaine Futur n’a pas pris une ride, ce grand classique se dévore toujours avec autant de plaisir et d’avidité. Nous devons ce récit intemporel à l’excellent travail des éditions Le Belial et à Pierre Paul Durastanti, traducteur du roman et directeur de la collection « Pulps », dans lequel il est paru. |
