Et si une simple faille informatique suffisait à faire vaciller le monde ?
Dans Les Chroniques du Qui, roman d’anticipation politique et technologique signé Christophe Mogentale, un collectif nommé Pandore ouvre en 2045 une brèche dans le système mondial. Leur méthode : l’usurpation d’identité à grande échelle. Ce qui débute comme un acte de rébellion devient rapidement un conflit planétaire, menaçant les fondements mêmes de la démocratie.
L’auteur
Christophe Mogentale est un ingénieur en informatique spécialisé en intelligence artificielle qui, après des années en tant que directeur technique, a été rattrapé par ses premières amours, les belles lettres. Amateur de science-fiction autant que de littérature blanche, sa plume bascule perpétuellement entre ces deux mondes. Après un premier roman dystopique, Sommeil Aboli, il publie Les Chroniques du Qui, afin d’interroger les grandes dérives contemporaines : surveillance, manipulation de l’information, disparition des repères. Il nous offre une dystopie lucide et saisissante, nourrie de réflexions philosophiques et d’une documentation rigoureuse, issue bien évidemment de son expertise professionnelle.
Le piratage identitaire
Dans un avenir proche, les équilibres mondiaux sont bouleversés par la réapparition d’un collectif nommé Pandore. Ce groupe lance une opération de grande ampleur : le piratage identitaire à grande échelle. Grâce à une faille exploitée dans les systèmes numériques du gouvernement français, les membres de ce collectif déclenchent une crise globale où plus personne ne peut prouver qui il est vraiment. L’identité devient une donnée instable, falsifiable et manipulable.
Dans ce climat de confusion, les institutions démocratiques perdent pied. Les humains ne font plus confiance même à leurs proches. La vérité devient relative, les archives sont falsifiées, l’histoire elle-même se décompose et se reconstitue selon des intérêts personnels et divergents.
C’est dans ce chaos que surgit une multinationale qui voit là une opportunité stratégique : elle s’implante en Amérique du Sud sous prétexte d’apporter un soutien technologique et une assistance sociale aux plus pauvres. En réalité, elle organise une nouvelle forme de colonisation, sous-traitée et fondée sur l’exploitation de la mémoire collective et le changement des récits culturels.
Cette attaque se fait sans armes, sans blessés. Elle est orchestrée avec des outils plus puissants encore : argent, algorithmes, I.A… Le roman montre ce basculement vertigineux avec une lucidité troublante, sans jamais perdre de vue la dimension profondément humaine de cette guerre cachée.
Un roman choral
Quatre personnages portent ce récit : Evo, Alma, Blackbird et Alexandre. À travers leurs journaux intimes, adressés au mystérieux bureau Karmin, on les découvre vingt-cinq ans plus tôt, à l’adolescence. Chacun décrit sa vie, ses difficultés, ses échecs et ses exploits. On assiste à la naissance d’une hackeuse, d’un résistant, d’un amour inoubliable et de tant d’autres aventures aussi passionnantes les unes que les autres. Chaque voix est unique, touchante et émouvante. Les liens entre ces personnes, qu’ils soient clairs ou à découvrir, sont établis avec soin.
Technologie, géopolitique et mémoire
La force du roman se trouve dans sa capacité à accorder les enjeux technologiques (intelligence artificielle, surveillance généralisée, manipulation des données) à une réflexion géopolitique fine, pertinente et engagée. Ces éléments ne forment pas une simple ornementation de science-fiction : ils s’incarnent dans les décisions, les dérives et les impasses des protagonistes. Le récit montre comment les nouvelles technologies deviennent des instruments de pouvoir, capables de redessiner les rapports de force. La colonisation à travers le numérique et la falsification de la mémoire collective sont traitées avec une acuité remarquable, révélant les dangers d’une époque qui pourrait bien être un futur proche, où l’identité peut être recréée, effacée ou monnayée.
Une construction narrative brillante
La narration en fragments compose un puzzle fluide et intelligent. Le style est captivant, cadencé et ne perd pas le fil des émotions. L’auteur maîtrise parfaitement son sujet et la postface offre une ouverture fascinante vers le réel, en révélant les sources d’inspiration et de véritables ressources complémentaires.
| Les Chroniques du Qui est un roman complet : politique, technologique, philosophique et humain. Une œuvre forte et touchante, qui interroge notre présent à travers la fiction. Une lecture marquante et nécessaire. |
Ouvrage reçu dans le cadre d’un service presse.
