S’il était déjà à la réalisation du film d’animation Fantastic Mr. Fox en 2010, Wes Anderson est plus connu pour ses films classiques, comme Moonrise Kingdom ou le récent Asteroid City. Pourtant, en 2018, lorsque le cinéaste texan propose L’Île aux chiens, il signe son œuvre la plus originale, audacieuse et pertinente. Un chef-d’œuvre à (re)découvrir.

Cela fait longtemps que le maire Kobayashi souhaite débarrasser la ville de Megasaki des chiens, lui qui est issu d’une longue lignée d’amateurs de chats. Le virus de la grippe truffoïde qui se répand parmi la population canine est donc l’occasion parfaite pour lui de signer un décret ordonnant l’expulsion de tous les chiens vers l’île Poubelle. Ce lieu est un ancien centre d’expérimentation devenu une véritable décharge à ciel ouvert, qui se transforme bientôt en un ghetto canin. Six mois après l’application du décret, le jeune Atari Kobayashi, neveu adoptif du maire, s’écrase sur l’île à bord d’un avion volé pour tenter de retrouver son chien, Spots, qui fut le premier exilé. C’est le début d’une grande aventure pour réhabiliter le meilleur ami de l’homme.

L’Île aux chiens a été réalisé en utilisant la technique de l’animation en volume, qui a déjà donné des films aussi célèbres que L’Étrange Noël de monsieur Jack ou Chicken Run. Ici, Wes Anderson simule le flou de mouvement de l’animation classique en déplaçant légèrement ses sujets entre chaque prise, pour donner une sensation plus naturelle. Outre la prouesse technique, le film est aussi très fort dans son scénario, qui utilise la haine des chiens pour faire passer un message puissant sur le racisme, l’autoritarisme, la ségrégation et l’épuration ethnique. Néanmoins, le film parvient avec brio à offrir de belles séquences d’humour et de jolis moments d’émotions.

L’Île aux chiens a reçu un accueil plutôt positif et a été multi-récompensé, les critiques ont notamment salué sa réalisation et sa musique, composée par le français Alexandre Desplat. Si le film nous a bluffés avec son cadre japonisant très original, son parti pris graphique audacieux et sa mise en scène impeccable, nous retenons surtout son sujet, qui témoigne avec beaucoup de justesse de l’amour indéfectible qui peut unir un chien et son humain.
