C’est l’été : que lire pour les vacances ?

Que vous soyez plutôt plage ou montagne, les vacances sont le moment idéal pour se poser dans un hamac ou sur une serviette avec un bon roman. L’équipe des Mille Mondes vous a donc concocté une petite sélection de livres à emporter dans votre sac de voyage cet été.

L’Été fantôme, Elizabeth Holleville, Glénat

Dans cette bande dessinée au format poche, idéale pour les vacances, on rencontre Louison, qui passe l’été chez sa grand-mère au bord de la plage avec sa sœur aînée et ses cousines. Mais ces dernières, pleinement entrées dans l’adolescence, ne partagent plus les jeux d’enfants de Louison. Fini les châteaux de sable et les glaces, elles s’intéressent désormais aux garçons, fument en cachette et s’échappent de la villa la nuit pour traîner sur le port. Louison se sent rejetée. Jusqu’à ce qu’elle rencontre Lise, le fantôme de sa grand-tante, morte il y a soixante ans, alors qu’elle avait à peu près le même âge que Louison. Les deux fillettes vont se lier d’amitié et partager confidences et loisirs, jusqu’à la fin de cet été, que les pouvoirs de Lise rendront magique.

L’Été fantôme explore avec justesse le passage de l’enfance à l’adolescence à travers la façon dont Louison est confrontée aux changements de son corps et de ses relations envers les autres. En contraste, Lise, puisqu’elle est décédée, reste figée dans une éternelle jeunesse, prisonnière de son état, là où Louison va grandir et évoluer. L’histoire est traversée par une ambiance estivale, entre douceur des vacances et mélancolie du retour à la réalité. C’est un moment suspendu, entre fin et renouveau, une métaphore fine de ce que vit l’héroïne. L’album, à la fois tendre et mélancolique, parle avec justesse de l’adolescence, des cœurs brisés et des punitions injustes, de cette période où chaque émotion se trouve exacerbée jusqu’à en devenir douloureuse. Parfois triste, souvent nostalgique, L’Été fantôme est une jolie aventure dont on ressort, tout comme Louison, grandi.

L’Île, Aldous Huxley, Pocket

L’Île d’Aldous Huxley est un roman qui propose une réflexion sur les possibilités d’un monde meilleur, à travers l’exploration d’une société fictive établie sur l’île de Pala.

Will Farnaby, journaliste échoué sur les côtes de l’île, y découvre un mode de vie mêlant traditions orientales et valeurs occidentales, où l’éducation, la méditation, le respect de l’environnement et l’usage contrôlé des psychotropes font partie d’un équilibre social pensé pour le bien commun. À l’opposé de la dystopie Le Meilleur des mondes du même auteur, L’Île explore ce que pourrait être une utopie pragmatique, consciente de ses limites et de ses menaces extérieures.

C’est un ouvrage propice à une lecture d’été, non parce qu’il est léger, mais parce qu’il pousse à ralentir et à réfléchir. L’environnement insulaire, la chaleur, la végétation et le rythme de vie de Pala créent une atmosphère propice à la pause, tout en offrant une critique implicite des sociétés modernes.

Les Dames de Grâce Adieu, Susanna Clarke, Robert Laffont

Ce recueil de nouvelles se déroulant dans un seul univers propose une série d’histoires où la magie s’invite dans la campagne anglaise, au milieu de paysages d’ordinaire calmes. On y suit des personnages qui naviguent entre notre monde et celui des fées, avec humour et mélancolie. Susanna Clarke reprend l’atmosphère de Jonathan Strange & Mr Norrell mais dans un format plus court, plus léger, avec un ton parfois malicieux.

C’est un ouvrage doux, qu’on peut lire par petites touches, au rythme d’une nouvelle à la fois (lors de sessions lectures sur la plage par exemple…). Les récits ont tous en commun une ambiance calme, propice à l’évasion et au repos.

L’Été-machine, John Crowley, Points

Ce roman de science-fiction se déroule dans un futur où les saisons sont désormais contrôlées par des machines, mais où certaines zones, laissées en marge du progrès, vivent encore au rythme du climat naturel. L’histoire se concentre sur un été dans une petite ville, à travers le regard de deux enfants qui observent le monde des adultes et les transformations silencieuses de leur environnement. L’arrivée d’une « été-machine » dans cette région encore préservée devient le point de départ d’une série de petits bouleversements : dans les relations, les souvenirs, la perception du temps.

Plonger dans ce roman revient à plonger au beau milieu d’un été chaud : longues journées, chaleur diffuse, lumière immobile, moments suspendus où l’on regarde plus qu’on agit. Ce n’est pas un roman à rebondissements, mais une méditation sur l’enfance, la mémoire et la manière dont la technologie peut transformer notre rapport aux choses les plus élémentaires, comme le passage des saisons. C’est une lecture particulièrement adaptée à l’été, non seulement par son décor, mais parce qu’elle invite à ralentir, à entrer dans un temps un peu flou et plus intérieur, comme celui des après-midis de vacances.

H2G2 Le guide du voyageur galactique, Douglas Adams, Denoël

Qui dit été, dit légèreté, et quoi de plus léger qu’un livre porté sur l’humour ? D’autant plus quand il s’agit d’humour britannique. H2G2 est une trilogie en cinq volumes (!) qui suit les aventures spatiales d’Arthur Dent après que la Terre a été rasée par une armée de bulldozers pour laisser place à une autoroute intergalactique. Une lecture à apprécier durant l’été pour trois raisons :

La première est qu’il est important pour tout voyageur, ou vacancier, de posséder un guide du routard, qu’il soit de l’espace ou non.
La deuxième raison est que, pour peu que vous soyez réceptif à ce type d’humour, vous allez vivre votre meilleure lecture. Adams est un maître de l’absurde et a su créer un univers devenu culte aujourd’hui.

La troisième raison (et la plus importante) est que, dans son génie avant-gardiste, Douglas Adams à su démontrer à quel point la serviette est l’objet le plus utile dans l’univers pour un voyageur et, rien que pour ça, ce livre mérite d’être lu. Après tout, s’il existe un Towel Day dans le monde pour le célébrer, c’est qu’il y a bien une raison, non ?

Le Livre des Terres Bannies, tome 1 : Malice, John Gwynne, Leha

Cet auteur anglais, référence dans le genre de la fantasy épique, propose un ouvrage à la fois prenant, lent et équilibré. C’est son premier livre et il s’inscrit dans un univers proche des légendes celtiques. Alors pourquoi est-ce une bonne option pour cet été ? Parce qu’il est à la fois mystérieux, fascinant et captivant, on avale ses huit cent pages à un bon rythme. Si les personnages sont attachants et complexes, leur histoire se suit sans avoir besoin d’une grande concentration, l’idéal quand on veut dévorer un ouvrage au bord de la mer ou de la piscine.

C’est une saga en quatre tomes dont les trois premiers sont disponibles en poche, très important pour faire de la place dans les bagages et le sac de plage.

Voici la présentation de l’éditeur :
Il y a bien longtemps que les humains sont arrivés sur les Terres Bannies, qu’ils ont disputées victorieusement aux clans de géants qui les peuplaient. Des terres que l’affrontement entre les dieux antagonistes Asroth et Elyon a bien failli détruire. Aussi, quand cette guerre larvée menace d’éclater à nouveau, bien des destins vont se trouver bouleversés. À commencer par celui du jeune Corban, qui aspire à manier l’épée et la lance pour protéger son royaume et va devoir mettre son courage à l’épreuve bien plus vite que prévu. Mais la prophétie indique que l’obscurité et la lumière exigeront deux champions, le Soleil Noir et l’Étoile Vive. Il serait sage de rechercher les deux, car si le Soleil Noir prend l’ascendant, les espoirs et les rêves de l’humanité tomberont en poussière. Sauf que personne ne sait qui ils sont, à commencer par eux-mêmes. Alors que les géants s’agitent de nouveau et que le chaos semble sur le point de s’abattre sur les Terres Bannies, le Haut Roi Aquilus tente de former une alliance avec les autres souverains pour sauver le monde des humains. Mais tous ses alliés n’ont pas la même vision de l’avenir…

Le Manoir de Castlecatz, Alain T. Puysségur, Scrineo

Pour cet été, que diriez-vous d’un peu de magie et de légèreté ? Tétralogie dont les trois premiers tomes sont parus, Le Manoir de Castlecatz met en scène Kovan, un jeune chat avec de mystérieuses écailles dont le rêve est d’intégrer la prestigieuse académie de magie : Le Manoir de Castlecatz. Les boules de poils sont ici les acteurs principaux d’un univers dont ils sont les maîtres. Ils utilisent la magie via leurs griffes et utilisent une technologie empruntant au steampunk pour les aider au quotidien.

Ces ouvrages sont légers, mignons et très complets. C’est à la fois une aventure initiatique, un univers immersif et des intrigues qui nous poussent toujours plus loin dans notre lecture.

Voici ce qu’en dit l’éditeur :
Kovhan rêve depuis toujours d’y entrer et de devenir Aspirant. Mais pour lui qui maîtrise si mal l’indispensable Maggocculture, triompher des épreuves d’admission n’est pas une tâche facile. Il y a pourtant pire. Une menace plane sur Castlecatz cet automne : des incidents magiques se multiplient, certains félins rapportent même avoir aperçu une horrible créature rôder dans les couloirs… Heureusement, le jeune chat peut compter sur Bruyne, son amie gourmande et malicieuse, ainsi que sur Lexios et Serenya, toujours prêts à lui filer un coup de patte !

À coups de canon !, Titania Blesh, Hikaya

On vous en parlait il y a quelques semaines sur notre site, mais il était important de vous rappeler l’existence de ce super ouvrage de fantasy historique. Reprenant l’envie de liberté et de sociétés nouvelles caractéristiques de la piraterie, l’autrice italienne nous plonge dans la Sardaigne du XVII^e siècle plus vraie que nature.

Fiametta, une femme rêvant de liberté dans un monde où elle et ses consœurs sont réduites au service de leurs maris, décide d’acheter un navire et de monter un équipage avec toutes celles qui n’en peuvent plus de leur situation. La clé de leur liberté est une sorcière dont le pouvoir permet de détecter l’or espagnol en provenance des Amériques. Une course se lance entre les piratesses et l’Inquisition qui traque ces sorcières ainsi que l’or qu’elles retrouvent.

La 4^e de couverture :
Il y a les héroïnes, il y a les pirates, et il y a Fiammetta. Fiammetta la Sarde, Fiammetta la femme battue qui dérobe l’or de son mari pour s’acheter son propre navire. À la tête d’un équipage féminin recruté parmi les malheureuses de son village, elle ne se voit pas seulement capitaine… Elle et ses filles seront les premières piratesses de la Méditerranée ! À ses côtés vogue Stellina, la jeune sorcière capable de pister les doublons espagnols. À ses trousses rôdent Ambrosio, le Grand Inquisiteur, et sa mystérieuse épouse…

Alors pour cet été, n’hésitez plus et embarquez à bord de La Satisfaction !

Les oubliés de l’Amas, Floriane Soulas, Scrinéo.

Et si vous vous laissiez tenter par un space opera ? Et quoi de mieux que la planète Jupiter pour voyager ? Ce roman, c’est un doux mélange de plusieurs inspirations de S.-F., certains verront les clins d’œil aux robots d’Isaac Asimov et d’autres à 2001, l’Odyssée de l’espace, mais une chose est sûre, c’est une agréable lecture d’idée, loin de la hard SF et avec suffisamment de rebondissements pour garder les lecteurs en haleine.

Dans un univers où l’humanité a colonisé tout le système solaire… Tout ? Non ! Une planète résiste encore et toujours : Jupiter. Depuis des siècles, les vaisseaux tentent en vain de percer ses défenses. Leurs échecs ont laissé derrière eux un gigantesque nuage de débris. Cette ceinture de déchets, c’est l’Amas, une sorte de bidonville spatial.
Lorsque le frère de Kat disparaît, elle rejoint l’Amas à sa recherche. De la course de vaisseaux illégales à un monde sans foi ni loi, nous sommes loin de la justice galactique qui règne ailleurs dans l’univers. Kat, notre héroïne à la fois forte et solitaire, n’aura de cesse de chercher son frère, mais tous les indices la ramènent inexorablement vers l’inaccessible Jupiter…

Le Jour où l’Humanité à niqué la fantasy, Karim Berrouka, La Volte

La fantasy est punk ou elle ne l’est pas ! Karim Berrouka a complètement niqué plus de 100 ans d’héritages de fantasy mondiale et il était temps. Paru en 2021 et réédité chez la Volte en 2025, ce livre est toujours aussi punk, irrévérencieux, loufoque et absurdement absurde.

Ce roman parle tout simplement de l’Humanité qui fait des conneries, pour changer. Mais aussi d’un monde fictif, l’Affre-Monde, situé sous terre où vivent toutes sortes de créatures fantastiques. La protestation gronde dans l’Affre-Monde car ses habitants sont en colère contre les auteurs et autrices de fantasy. Ils et elles nous mentent éhontément ! Depuis des dizaines d’années, la fantasy nous ment sur la vraie nature des Faeries, les lutins ne sont pas petits et les fées sont des globules libidineux d’une demi-tonne. Par vagues successives, les créatures de l’Affre-Monde viennent rétablir la vérité sur Terre, à grands fracas, de prises d’otages, de camps de rééducation, rien que ça…

La fantasy est vaste et traversée par de multiples héritages et contre-courants. Habitué des gros mots, de la philosophie punk et du non conformiste, Karim Berrouka nous fait rire à nous faire perdre la capacité d’épeler correctement Pratchett !

La Princesse et le Vaurien, Beth Revis, Pocket Star Wars

Depuis le début du nouvel univers étendu littéraire officiel, inauguré en 2014 avec la publication du roman Une Nouvelle Aube, l’autrice Beth Revis est une habituée de l’univers Star Wars. Son précédent roman, Soulèvement Rebelle, est un très bon préquel au film Rogue One, tout comme sont l’excellente série Andor et le roman Catalyseur. Pour La Princesse et le Vaurien, Beth Revis nous conte le mariage de Leia et Han, une histoire qui se situe après l’épisode VI de la saga, le Retour du Jedi, et avant la série Le Mandalorien. Le roman se concentre sur Leia Organa et Han Solo, préparant leur lune de miel à bord du navire Halcyon, une époque où l’Empire a subi une lourde défaite dans le système d’Endor, mais où ses vestiges sont encore une menace bien réelle. La guerre n’est pas terminée et le facisme impérial peut ressurgir à tout instant. L’univers littéraire Star Wars contient de belles pépites et Beth Revis nous promet encore une incroyable aventure. Une publication prévue pour le 10 juillet 2025 chez Pocket, traduit de l’anglais par Lucile Galliot.