The Substance

Avec The Substance sorti au cinéma en 2024, Coralie Fargeat signe son retour derrière la caméra avec un long-métrage coup de poing, présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2024, où il a remporté le prix du scénario. Cette œuvre à mi-chemin entre le body horror et la satire sociale marque un tournant dans la carrière de la réalisatrice française, qui aborde les obsessions contemporaines autour du corps, de l’image et de la jeunesse éternelle, grâce à un excellent duo d’actrices composé de Demi Moore et Margaret Qualley.

Le Synopsis

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Une esthétique maîtrisée et très efficace

Avec The Substance, Coralie Fargeat livre un film visuellement marquant. La mise en scène, inspirée de réalisateurs comme Stanley Kubrick, Gaspar Noé ou Darren Aronofsky, regorge de références visuelles : plans géométriques, top shots oppressants, surcadrages, le tout illustrant la descente aux enfers du personnage principal, Elisabeth Sparkle. Certaines séquences évoquent Shining, Matrix, Enter the Void ou encore Requiem for a Dream, avec ces très gros plans qui marquent durablement la rétine.

La réalisation a particulièrement réfléchi à sa précision et à son sens du détail. L’ouverture et la fermeture du film, situées sur le Walk of Fame, encadrent puissamment une histoire de plus en plus dérangeante, soulignant à quel point l’industrie hollywoodienne pousse ses actrices vers l’obsolescence au premier signe de vieillissement.Le duo Demi Moore / Margaret Qualley fonctionne à merveille. Pendant plus d’une heure, The Substance tient en haleine avec une tension psychologique croissante, portée par un sujet pertinent : l’obsession de la jeunesse éternelle et les diktats de beauté imposés aux femmes. L’analogie avec la chirurgie esthétique et la pression sociale sur l’apparence fait mouche, et le film pose de vraies questions sur la violence symbolique que subissent les femmes dans les industries de l’image, du film ou de l’influence.

Un message fort, mais noyé dans l’excès et l’ambiguïté

Malheureusement, The Substance bascule lors de ses dernières scènes dans une exagération sanglante qui diminue sa force. Le film, bien qu’ayant reçu le prix du meilleur scénario à Cannes, manque parfois de cohérence. Quelques péripéties illogiques se glissent dans l’histoire, créant parfois une distance entre le spectateur et le film en rompant la suspension d’incrédulité.

Plus gênant encore : l’ambiguïté du regard porté par la caméra. Là où le film souhaite dénoncer la sexualisation des corps féminins, certaines scènes semblent paradoxalement mettre en valeur cette sexualisation. Ce double discours interroge : peut-on réellement défendre une cause tout en exploitant les codes qu’on critique ? En effet, si on devait compter les plans de Margaret Qualley, on en trouverait probablement autant montrant son fessier ou sa poitrine que son visage (si tant est que celui-ci ne soit justement pas en train de jouer une certaine séduction). La réception de ce film par les hommes ou les femmes peut alors être différente, révélant un problème sur le message.

En résumé, The Substance est un film qui ne laisse pas indifférent. Visuellement impressionnant, interprété avec force, et porté par un message sociétal pertinent, il frappe fort contre l’industrie de la beauté et du cinéma, soulignant la cruauté faite aux femmes qui osent vieillir. Un film nécessaire, courageux, mais qui aurait mérité plus de cohérence et de justesse dans son message.

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