Le monde suspendu : la fantasy coréenne s’invite en France

Le Monde suspendu est le premier tome d’un nouveau diptyque de fantasy signé Axie Oh, publié ce mois-ci aux éditions Lumen. L’autrice y propose une réécriture d’un conte coréen pour un public young adult, dans un monde imaginaire rempli de tropes bien connus des lecteurs et lectrices.

L’histoire

Voilà dix ans que Ren a dû fuir les siens et qu’elle a été recueillie par une troupe d’artistes itinérants. Dix ans pendant lesquels elle a dû dissimuler ses aptitudes magiques pour ne pas attirer l’attention. Dix ans pendant lesquels elle s’est forgé une nouvelle vie qui se voit réduite à néant le jour où, attaquée par un démon en plein spectacle, la jeune saltimbanque libère son pouvoir sous la forme d’une lumière qui passe tout sauf inaperçue.

Bientôt, tous les mercenaires de l’empire sont engagés pour la retrouver. Sunho, un ancien soldat devenu chasseur de primes après s’être réveillé sans aucun souvenir de son passé il y a deux ans de ça, participe à la traque. Mais l’enjeu est tout autre pour le jeune homme qui cache un terrible secret. Car cette quête pourrait enfin lui apporter les réponses qu’il cherche sur sa propre identité.

Alors, quand les chemins de Ren et de Sunho finissent par se croiser, c’est sans savoir que leurs destins sont bien plus liés qu’ils n’auraient pu l’imaginer…

Un style qui étouffe la narration

Dès les premières pages, on se heurte à un style d’écriture volontairement étoffé, mais qui, au lieu d’apporter de la richesse, alourdit considérablement la lecture. Les phrases sont souvent surchargées, multipliant les subordonnées, les descriptions inutiles et les effets de style forcés. Peut-être est-ce dû à la traduction qui, pour une fois, pénalise le style d’écriture d’origine. Il n’en reste pas moins que cette volonté d’embellir le texte nuit à la clarté, ralentit le rythme, et brise la fluidité des dialogues, qui deviennent saccadés et perdent tout leur naturel.

De plus, l’impression de trop-plein est constante : chaque action est détaillée, chaque mouvement est surnarré, comme si l’autrice voulait s’assurer que le lecteur visualise jusqu’à chaque clignement d’œil. Ce procédé, s’il peut rappeler l’écriture de certains scénarios de films ou de pièces de théâtre, n’est pas adapté à un roman. Les enchaînements mécaniques de gestes et de déplacements ne créent ni immersion ni tension narrative. Si ce style avait été moins présent et utilisé à des endroits stratégiques de certaines scènes, il aurait probablement eu l’effet escompté.

Une intrigue et des personnages mal définis

Sur le plan narratif, le roman peine à convaincre. Les scènes s’enchaînent sans toujours justifier leur présence dans le récit, l’intrigue avance lentement. Malheureusement, les liens entre les différents personnages arrivent trop tard (après 200 pages) pour réellement attraper l’attention du lecteur. On sent que des fusils de Tchekov sont posés, mais ils sont rappelés un peu tard.

Les personnages sont également un point négatif du roman. Le style d’écriture, avec beaucoup de pronoms, n’aide pas à la compréhension et à leur caractérisation. Ils manquent de personnalité, de profondeur, et donnent presque tous l’impression d’avoir 13 ans, peu importe leur rôle ou leur situation – alors que les deux protagonistes principaux ont 17 ans. Leurs réactions sont parfois tellement clichées qu’on a l’impression de regarder un film pour adolescents.

En résumé, Le monde suspendu peine à convaincre. Entre une écriture trop chargée, des personnages peu marquants et une intrigue qui manque de direction, la lecture laisse une impression de confusion plus que d’évasion. L’univers avait du potentiel, mais il reste malheureusement sous-exploité.

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