Voilà plus d’un an que l’acte 2 du Royaume sans nom avait laissé ses lecteurs sur un suspense insoutenable. Après que le jeune roi fraîchement couronné, que tous croyaient faible et fainéant, se soit révélé un monarque habile, rusé et capable d’une surprenante férocité, le royaume du Sud se retrouve en guerre contre l’empire du Nord. Mais qui tire donc les ficelles dans l’ombre ? Il est enfin temps de découvrir la conclusion de cette bande dessinée entre drame shakespearien et Game of Thrones animalier, que l’on doit aux talentueux Herik Hanna, Redec et Lou. Si vous ne connaissez pas cette saga épique, arrêtez immédiatement la lecture de cet article et foncez vous la procurer chez Glénat, tant son intrigue mérite d’être découverte !

Les noces pourpres
Alors que le Nord est soumis et que la menace des Tigres n’est plus, le roi retombe dans sa léthargie et passe son temps à paresser. Désormais convaincus qu’il n’est pas un monarque à prendre à la légère, courtisans et conseillers se montrent toujours plus craintifs et obséquieux en sa présence. Tandis que la reine douairière fulmine d’être humiliée par son fils, les complots vont bon train à la cour, tout comme dans les terres extérieures où des alliances se nouent pour renverser le royal félin. La surprise vient pourtant du Nord, sous la forme d’une demande en mariage. Qui est donc cette mystérieuse princesse que l’on souhaite voir épouser le souverain afin d’apaiser les tensions entre les deux royaumes ? Quoi qu’il en soit, au vu de la violence qui sévit depuis le couronnement, les noces pourraient être sanglantes…

Absolument magnifique
Ce troisième acte délaisse quelque peu le suspense qui a fait le succès de la saga au profit d’une action vigoureuse et jouissive, qui doit beaucoup à la mise en scène de Redec. Les affrontements sont nerveux, violents et sanglants. Comme dans les tomes précédents, le découpage expressif laisse souvent place à des illustrations pleine page, qui donnent la mesure dramatique de chaque scène. L’album est, sans surprise, absolument magnifique.
Là où il se montre un peu décevant, c’est dans la résolution d’intrigues qui nous tenaient en haleine depuis le premier acte, ainsi que les motivations secrètes de certains personnages. Non pas qu’elles nous aient semblé incohérentes, mais peut-être un peu trop simples au regard de la maestria machiavélique auquel Le Royaume sans nom nous avait habitués. D’ailleurs, on ne saurait trop conseiller à celles et ceux qui attaquent ce troisième tome de relire d’abord les précédents, afin de garder en tête certains détails qui auraient pu être gommés de leurs mémoires depuis l’acte 2.

En revanche, on ne peut que saluer le travail toujours aussi incroyable réalisé sur les dialogues. Dans Le Royaume sans nom, les mots sont aussi tranchants que les épées et les duels se mènent parfois à coups de répliques audacieuses et piquantes ! Qu’il soit en vers ou en prose, chaque échange est soigneusement ciselé pour offrir la sensation d’une vaste pièce de théâtre dont nous serions spectateurs et spectatrices, avec une conclusion qui reprend brillamment la forme narrative mise en place dans les tomes précédents.
| Sans atteindre la tension dramatique de ses débuts, cet acte 3 propose de savoureux retournements de situations, des affrontements dantesques, une mise en scène théâtrale brillante et un trait splendide, avec des plans très cinématographiques. Une excellente conclusion à une série d’anthologie. |
Tome reçu dans le cadre d’un service presse.
