Vous savez peut-être déjà que l’acteur David Duchovny, qui incarne le célèbre agent Fox Mulder dans X-Files ou l’écrivain Hank Moody dans Californication, pour ceux qui vivaient dans une grotte ces trente dernières années, est aussi auteur (et musicien, et producteur). Sorti sous son titre original, Miss Subways, en 2019 aux États-Unis, son roman La Reine du Pays-sous-la-Terre est enfin disponible en version poche en France, depuis le 23 avril.

Des dieux à New York
Emer a bientôt 40 ans et mène une vie new-yorkaise banale. Elle n’est pas très riche, est dans une relation stable avec un type qui s’appelle Ken et rêvasse lorsqu’elle est dans le métro. Et puis un jour, tout bascule. Son mec devient la proie d’Anansi, la déesse araignée, et un nain celtique débarque chez elle pour lui offrir un choix : laisser Ken mourir en voulant garder son amour ou le sauver en acceptant qu’ils s’oublient l’un et l’autre pour toujours. Mais que font tous ces dieux, déesses et personnages folkloriques à New York d’abord ? Et si Emer décidait, pour une fois, de ne pas se laisser faire ?
« Prenons le métro.
La Reine du Pays-sous-la-Terre, David Duchovny
— Tu veux aller où, paps ?
— Au paradis.
—Pas sûr qu’il s’y arrête.
— En enfer ?
— On va prendre la ligne 1. »
Romance rock’n’roll
Dès les premières pages, aucun doute possible : nous sommes face à un récit au mieux irrévérencieux, au pire carrément punk ! Duchovny ose tout, critique aussi bien la religion que la politique, assène des tacles à Fox news et aux nouveaux bourgeois amoureux du politiquement correct, et propose des représailles à base de castration pour les adeptes du manspreading ! C’est drôle, brillant et souvent joyeusement farfelu.
« De fait, le vieil homme aimait Fox et les parties de catch. Pour Emer, il n’y avait guère de différences entre les deux : on savait à tout moment qui étaient les gentils et qui étaient les méchants. »
La Reine du Pays-sous-la-Terre, David Duchovny
Loin des contes de fées et de leurs romances rose bonbon, La Reine du Pays-sous-la-Terre propose une histoire d’amour qui ressemble à l’enfant caché de Il était une fois et Fables, avec une bonne dose de maladresses, d’insécurités masculines et une meilleure amie lesbienne pour donner des conseils !
Derrière, il y a aussi l’autre histoire d’amour, celle que Duchovny porte à la Grosse Pomme, la ville qui ne dort jamais, qu’il décrit de façon sincère, dans sa laideur comme dans sa beauté. Entre stations de métro crasseuses et bulle verdoyante de Central Park.
Festival halluciné
L’histoire est une version moderne, féministe et rock’n’roll de la légende d’Emer et Cùchulain, un conte celte où il est question d’infidélité masculine, de jalousie et de filtre d’oubli. Pour autant, c’est un joyeux mélange de mythes de tous horizons qui coexistent dans la New York de Duchovny. L’aspect fantastique, d’abord très épuré, prend petit à petit le pas sur le récit, comme il le fait sur le quotidien de l’héroïne, dans un festival halluciné d’événements entre rêve et réalité.
Jusqu’à la toute fin, le roman maintient le suspense sur la manière dont il va réussir à faire triompher un amour qui semble pourtant assez mal parti, entre un Ken bellâtre insipide à la recherche d’une femme capable de flatter son ego et une Emer maladroite, tiraillé entre son désir d’émancipation, sa volonté de reprendre le pouvoir sur sa vie et son amour guimauve. Pourtant, l’auteur nous surprend d’une très belle manière et parvient à offrir un final idéal à une œuvre délicieusement moderne.
| La reine du Pays-sous-la-Terre est un roman fantastique drôle et inventif, qui ose tout, ne regrette rien et fait rire autant qu’il émeut. Une délicieuse bulle de folie dans le paysage littéraire, disponible dès à présent chez Le Livre de Poche. |
