Le Masque du renard, l’adolescence en douceur

C’est un bel album, à mi-chemin entre la bande dessinée francophone et le manga, que nous offre Ewen Blain. Une histoire sensible, nourrie de sa passion pour la culture japonaise, qui use du fantastique pour aborder un sujet universel : l’adolescence et ses premiers émois.

« Savais-tu que les renards au Japon avaient d’étranges pouvoirs ? […] Méfie-toi, car c’est à la nuit tombée qu’ils opèrent. »

Le Masque du renard, Ewen Blain

L’ado et le renard

Romain est un adolescent tout ce qu’il y a de plus normal, qui partage sa vie entre les cours et les sorties avec ses deux meilleurs amis : Paule et Gabriel. Tout commence par l’apparition d’un renard roux, qui semble le narguer sur le chemin du lycée. L’animal ne cesse de croiser la route de Romain, pour s’enfuir dès que ce dernier tente de l’approcher. Au même moment, Paule introduit un nouveau venu dans leur groupe d’amis : Côme. Ce dernier, d’origine japonaise, va apprendre à Romain que les renards sont parfois des esprits, qui peuvent prendre une apparence humaine pour séduire de jeunes hommes. Difficile de dire si celui-ci est magique ou seulement un peu téméraire, mais il a le don d’apparaître à chaque fois que Romain s’interroge sur ses sentiments. Serait-ce un signe ?

Sensible et bienveillant

Avec Le Masque du renard, Ewen Blain aborde l’un des sujets majeurs de l’adolescence : l’amour. Ici, point de jeune fille qui soupire ou de lycéens qui se battent pour le cœur de leur belle. Ce récit sensible et bienveillant nous fait partager les doutes et les questionnements d’un héros discret et un peu timide, en proie à des émotions qu’il ne parvient pas bien à identifier. Le dessin est doux, lumineux et le choix de la bichromie, pour laisser la couleur au renard et à certains éléments qui lui sont liés, donne un caractère joliment onirique à l’œuvre. Si les inspirations japonisantes si chères à l’auteur se font plus discrètes, on peut tout de même les déceler — en dehors de plusieurs éléments graphiques — dans certains choix de mise en scène et des décors qui font la part belle à la nature.

Tranche de vie

Par certains aspects, et bien qu’il propose un côté fantastique beaucoup plus modeste, l’album rappelle Last Time I Saw You, pour sa manière de traiter la naissance des sentiments et tous les bouleversements qu’ils amènent, sans jugement ni condescendance. Ne cherchez pas ici d’épopée magique ou de rebondissements incroyables, nous sommes face à un récit intimiste, une tranche de vie sincère et touchante. C’est peut-être ça, la plus grande force de l’album : ne pas chercher à faire dans la métaphore laborieuse ou à transformer le quotidien en quête épique. Ce renard n’est peut-être qu’un renard et sa présence un simple hasard. Peut-être est-ce Romain qui est en quête de sens et le cherche dans les coïncidences de la vie…  c’est à la libre interprétation du lecteur.

Si Ewen Blain dédramatise l’amour, le rejet, la déception et le coming out, ce n’est certainement pas pour les traiter de façon futile, mais bien pour offrir une safe place à ses lecteurs, une manière de leur dire que tout cela est normal et que tout va bien se passer. On l’espère presque précurseur lorsqu’il aborde la question du genre avec une banalité et une confiance salutaires, dans une scène où les clichés qui y sont liés sont moqués et la liberté d’être qui on a envie valorisée. Certains lecteurs trouveront peut-être cela naïf, nous, on préfère y voir un beau message d’espoir pour l’avenir.

Le Masque du renard est un bel album, doux et sensible, qui apporte un regard lumineux sur un sujet souvent difficile à gérer lorsqu’on est adolescent, sans doute le récit le plus personnel de son auteur. Une jolie fable intimiste à découvrir dès aujourd’hui, aux éditions Glénat. 

Album fourni par le service presse de l’éditeur

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