Mickey 17 est un film américano-sud-coréen de science-fiction humoristique réalisé par Bong Joon-Ho, sorti le 5 mars 2025, mettant en scène notamment Robert Pattinson et Naomi Ackie. Adapté du roman Mickey7 d’Edward Ashton, Mickey 17 nous plonge dans un futur où l’humanité colonise une planète inconnue, avec une satire politique et sociale évidente. Par choix, cette critique ne traitera pas d’adaptation (vous pouvez retrouver une critique du livre ici) ni de la place de ce film dans la filmographie de Bong Joon-Ho.
Le Synopsis
Mickey Barnes est un « remplaçable », un employé dont le corps est régénéré après chaque mort, conservant la plupart de ses souvenirs. Alors que Mickey 17, la dix-septième copie, échappe à une mort certaine lors d’une exploration sur une planète à coloniser, il rencontre, une fois revenu à bord du vaisseau, son successeur, Mickey 18, réimprimé par erreur.
Une réalisation maîtrisée, mais perfectible
Avant de parler du fond, commençons par la forme. Mickey 17 se distingue par une bonne réalisation, marquée par l’humour typique de Bong Joon-Ho, entre cynisme et grotesque. Robert Pattinson livre une performance remarquable, incarnant avec brio les différentes facettes de son personnage cloné. Visuellement, le film est une réussite, offrant de belles images. Cependant, la bande sonore peine à se démarquer, les musiques étant souvent oubliables et n’ajoutant que peu à l’immersion. Avec une durée de plus de deux heures, le rythme peut parfois sembler laborieux, laissant une impression de longueur. Au vu de la filmographie audacieuse du réalisateur, on aurait pu s’attendre à une exploration encore plus poussée du concept, mais Mickey 17 reste une œuvre plus que correcte.
Une satire politique évidente
Mickey 17 ne se contente pas de divertir ; il critique ouvertement un système où les individus sont réduits à des ressources jetables. Le film met en lumière les inégalités sociales et les abus de pouvoir à travers le personnage de Mickey, un « remplaçable » dont le corps est régénéré après chaque mort. Cette régénération, loin d’être une bénédiction, devient une malédiction, illustrant les horreurs d’un capitalisme déshumanisant. Bong Joon-Ho utilise ce cadre pour questionner les notions d’identité, de mémoire et de valeur humaine dans une société où la technologie a pris le pas sur l’éthique.
De plus, l’un des aspects les plus marquants de Mickey 17 est son utilisation de l’humour grotesque pour souligner l’absurdité du système en place. Bong Joon-Ho n’hésite pas à pousser les situations à l’extrême, créant un décalage comique entre la gravité des enjeux et la légèreté avec laquelle ils sont traités.
Est-ce réellement de la science-fiction ?
Bien qu’aujourd’hui nous ne pouvons pas (encore) coloniser une autre planète à l’image de Mickey 17, certaines personnalités parmi les plus riches du monde y songent sérieusement, en allant sur Mars ou en voulant construire une première ville civile sur la Lune par exemple. La duplication de la mémoire est également un sujet de recherche que quelques illuminés financent, tout comme le souhait de vivre plus longtemps que ce que la nature nous autorise. Ainsi, est-ce que Mickey 17 relève réellement de la science-fiction ?
De plus, certaines scènes du film ne sont pas sans rappeler des évènements marquants de la politique américaine. Les deux dirigeants à bord de la mission de colonisation, interprétés par Mark Ruffalo et Toni Collette, sont des figures centrales de la satire politique du film. Leur dynamique de couple, rappelant étrangement celle du président et de la première dame des États-Unis, souligne les travers du pouvoir, de l’autorité et du mercantilisme.
| En résumé, loin d’être un simple film de science-fiction, Mickey 17 embrasse son côté absurde et satirique avec un humour noir totalement assumé. Si certaines scènes font mouche, notamment grâce au décalage permanent entre les différentes versions de Mickey et leur environnement hostile, d’autres tournent en rond et s’appuient un peu trop sur des gags répétitifs et des références politiques appuyées. Si ce film divise ses spectateurs, tout le monde pourra néanmoins dire que Robert Pattinson livre ici une excellente performance. |
