Alors qu’Assassin’s Creed Shadows est disponible aujourd’hui sur consoles et PC, ceux qui préfèrent la lecture peuvent découvrir le samouraï noir Yasuke dans Hitomi, chez Urban comics. Un one-shot qui propose de poursuivre la légende là où s’arrête la véritable histoire : après la mort de Nobunanga et alors que le héros est porté disparu. Mais, originalité oblige, c’est à travers le regard d’un autre personnage, la jeune Hitomi, que l’on découvre ce qu’il est advenu du samouraï.
« Même si tu le trouvais, ce samouraï… qu’est-ce que tu ferais ? Tu n’es qu’une petite fille… — Et alors ? Je découvrirais son point faible. Et quand il sera fatigué, quand il baissera sa garde… j’arracherai son âme à son corps. »
Hitomi, HS TAK, Urban comics
Un récit de vengeance
Hitomi parcourt seule le Japon pour retrouver le légendaire Yasuke qui, sous les ordres du seigneur de guerre Nobunaga, a massacré toute sa famille. Elle ignore pourquoi il l’a épargnée, elle ignore même s’il est encore vie après la chute de son maître et la disparition de tous les autres samouraïs qui lui étaient fidèles, pourtant elle poursuit sa quête vengeresse.
Pendant ce temps, dans la province de Musashi, un mystérieux rônin surnommé Minuit gagne sa vie en se produisant dans des combats de Sumo truqués, dans le but de financer le voyage qui le ramènera chez lui. Sa rencontre avec Hitomi va bouleverser ses plans et le forcer à reprendre l’épée.
Vitrine historique
En poursuivant la saga de Yosuke là où sa véritable histoire s’arrête (la mort de Nobunaga), l’auteur HS TAK propose une histoire à la fois crédible et romanesque, ainsi qu’une vitrine historique sur le Japon du XVIe siècle. L’œuvre emprunte autant à celle de Tarantino (on pense à Kill Bill) qu’au Shingeki, ce théâtre nourrit par la scène occidentale, qui inspirera plus tard des légendes du cinéma nippon comme Kurosawa.
On regrette tout de même que l’héroïne éponyme, Hitomi, passe un peu au second plan face au personnage de Yasuke. D’autant que le récit ne propose pas non plus un concept extrêmement original (les histoires de vengeance au Japon féodal sont plutôt monnaie courante dans la culture populaire). Si certains clichés rendent le récit solide, quelques rebondissements se montrent un peu trop prévisibles et la dynamique entre les deux protagonistes aurait mérité d’être plus équilibrée.
Du côté des graphismes, Isabella Mazzanti pioche à la fois dans les estampes d’Hokusai et le croquis aquarellé, ce qui donne tout son cachet à l’œuvre et renforce l’impression d’évoluer dans un univers entre conte traditionnel et revisite moderne. L’imagerie est puissante, inspirée.
Si Hitomi s’illustre très bien dans ses scènes de combats, il propose aussi de beaux moments contemplatifs, à l’aide d’illustrations pleine page qui subliment le talent de la coloriste Valentina Napolitano. Bien qu’il n’ait pas pour vocation d’être historique, le comic nous offre tout de même une vision juste et crédible du Japon de l’ère Tenshô.
Hitomi nous offre un récit de vie passionnant, dans lequel deux adversaires apprendront à puiser l’un dans l’autre pour avancer et trouver la paix, le tout sous un trait très agréable. Les amoureux du monde nippon devraient apprécier.