Mickey7 : le roman à l’origine du film de Bong Joon-ho

Le film Mickey17 est actuellement au cinéma, avec Robert Pattinson dans le rôle principal et le Sud-coréen Bong Joon-ho (Parasite) à la réalisation. Mais saviez-vous qu’il adapte un roman de l’auteur américain Edward Ashton ?

Les chats ont neuf vies, les Consommables en ont huit

Mickey Barnes n’est pas plus le plus compétent ni le plus stupide des êtres humains, mais il est certainement le plus désespéré. Criblé de dettes, il trouve une échappatoire à bord du Drakkar, un vaisseau spatial en mission pour coloniser de nouvelles planètes. Son rôle ? Il ne sera pas pilote, ni agent de sécurité ou biologiste, non… Il sera un Consommable.

Un Consommable, qu’est-ce que c’est, me direz-vous ? Eh bien, cette invention révolutionnaire vous rend immortel ! À chaque fois que Mickey meurt, un nouveau double de lui est créé, grâce au téléchargement de la mémoire de son prédécesseur. Mickey est ainsi appelé pour toutes les missions mortelles qui menacent l’équipage : réparations dans l’espace, exploration de territoires hostiles, expériences médicales… Et voilà comment, de Mickey Barnes premier du nom, il est devenu Mickey7. Mort et ressuscité sept fois dans un nouveau corps.

Lors d’une nouvelle expédition, cependant, Mickey7 est laissé pour mort. À son retour à la base, il se retrouve nez à nez avec un Mickey8 tout neuf qui l’a déjà remplacé. Les deux Mickey décident de cohabiter en secret, au risque de se faire attraper et de finir tous les deux dans le recycleur à protéines…

De la science-fiction dépaysante et inventive

Dans la veine de Seul sur Mars, ce roman raconte la survie d’une petite colonie qui tente de s’implanter en territoire inhospitalier. Edward Ashton nous dresse ici le portrait d’un univers cohérent avec de très bonnes idées. L’équipe de Mickey s’est établie sur la Niflheim, une planète de glace peuplée de vers monstrueux où le climat n’est pas vraiment clément. Mais l’évolution technologique de l’humanité permet d’y survivre.

L’invention la plus novatrice de la colonie est le biorecycleur. Cette machine transforme la matière dont on la nourrit. Par exemple, jetez-y le dernier cadavre de Mickey et elle vous ressortira une pâte comestible… La vie de la colonie est ainsi millimétrée et calculée en termes de kilocalories, de molécules, d’énergie, avec toutes sortes de contraintes.

Humour, amour et philosophie

Ils ont eu beau être sélectionnés parmi les meilleurs pour cette mission spatiale, les personnages sont loin d’être parfaits. Mickey est un héros avec beaucoup d’humour, devenu cynique à force de mourir. Sa partenaire Nasha est très ouverte et n’hésite pas à aider Mickey7 et Mickey8 à conserver leur secret. Son meilleur ami Berto est un frimeur et un lâche puissance 10 000, mais qu’on aime bien quand même. Et enfin, le supérieur de la mission, Marshall, est une véritable ordure qu’on adore détester !

Le concept de Consommable remet en question la vie et la mort. Mickey est utilisé, de son plein gré certes, mais utilisé tout de même, et consciemment tué à plusieurs reprises comme un vulgaire jouet qu’on casse et recycle à l’infini. Dans ce cas, peut-on se réjouir d’être immortel ? Et Mickey7 peut-il toujours affirmer qu’il est Mickey Barnes, alors que sa mémoire a changé sept fois de corps ? On évoque notamment l’expérience du bateau de Thésée, mais aussi la religion, car, dans le récit, les « natalistes » voient les Consommables comme une abomination.

Le récit soulève ainsi des questions philosophiques intéressantes. Cependant, j’ai parfois trouvé des longueurs à ce récit de 350 pages. Attendez-vous à ce que des chapitres entiers relatent des flashbacks, des explications scientifiques ou des faits historiques de ce monde. L’action est constamment coupée par la narration de Mickey, qui se perd dans ses souvenirs, et aurait facilement pu être condensée en une novella si elle s’était concentrée sur l’instant présent.

En résumé, la lecture est agréable aux côtés de ces personnages finalement très humains. Il ne reste plus qu’à découvrir si la condensation du récit en un film de 2 h 17 permettra de gommer les longueurs du récit original sans sacrifier des éléments clés. Réponse au cinéma !

Cet ouvrage a été chroniqué dans le cadre d’un service presse.

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