Anciennement publiée chez Glénat, la licence Power Rangers fait peau neuve depuis 2023 chez l’éditeur Vestron dans un superbe format intégral, qui reprend la base de la toute première série parue en France dans les années 1990.
L’histoire
Après avoir échappé au contrôle mental de Rita Repulsa, Tommy Oliver, le Ranger vert, rejoint les Power Rangers pour combattre les attaques maléfiques qui frappent Angel Grove. Alors que Rita Repulsa met en œuvre ses plans de domination du monde, les Rangers se retrouvent impuissants et sans Zordon à qui faire appel. C’est la plus grande menace qu’ils aient jamais affrontée et le sort du monde est en jeu !
Une oeuvre remise au goût du jour
La plupart des personnes ne connaissent pas les Power Rangers par le biais du comic, mais plutôt par celui de son homologue télévisuel : la série Mighty Morphin, la première équipe de Power Rangers à avoir vu le jour à la suite de Bioman, son ancêtre.
Jugées kitch dans leur version télévisée, voire parfois grotesques, ces séries ont pourtant eu un certain succès du côté de la jeunesse, beaucoup moins auprès du public adulte. La faute revient principalement au fait que l’Occident ne possède pas les codes culturels du Japon. Si les mangas ont été assimilés et intégrés plus facilement au fil des années, jusqu’à devenir une norme littéraire et télévisuelle via l’animation, la culture de niche du super sentai — un genre extrêmement codifié, même pour le japon — et plus particulièrement la culture tokusatsu dont il découle, ont eu beaucoup plus de mal à s’implanter et à perdurer.
Pourtant, au-delà des chorégraphies et des scènes parfois à la limite du burlesque, il se dégage une véritable trame narrative dans les récits de Mighty Morphin Power Rangers. Cette série de comics avec Kyle Higgins (Radiant Black) au scénario a su mettre en avant les atouts scénaristiques et visuels de cette équipe de héros, en leur ajoutant beaucoup de profondeur.
Un scénario intelligent sublimé par ses dessins
La première partie du récit se concentre sur l’intégration du ranger vert au sein de l’équipe d’Angel Grove, et notamment sur tout l’aspect psychologique qui découle de ce revirement de situation. La psyché de Tommy et les conséquences de son arrivée sont au centre d’un récit faisant place avant tout à la réflexion.
Ces changements et ces incertitudes contribuent à ébranler les fondements du groupe et à remettre en question certains éléments, tels que les capacités de meneur de Jason, le ranger rouge, ou la légitimité de certains membres à faire partie de l’équipe, perturbant ainsi leur capacité à agir en les mettant dos au mur.
Par cette approche, Kyle Higgins montre à quel point le récit des Power Rangers peut, au-delà des combats et des méchas, se révéler avec finesse et subtilité, en le rendant plus mature et plus pertinent.

Mighty Morphin Power Rangers se dote également de dessins épatants réalisés par Hendry Prasetya (Kamen Rider Zero-One), qui met en avant toute la grandeur et la puissance des combats. Le Dragon noir, antagoniste des Rangers ainsi que les Zords, et par extension le Mégazord, sont particulièrement soignés. Le travail sur la partie graphique est de qualité, mais tout de même entaché par quelques problèmes d’édition. Certaines scènes d’action manquent de clarté dans leur découpage, de plus le choix d’un papier brut au détriment du papier glacé ne rend pas hommage à une colorisation qui s’avère pourtant être un atout pour le titre.
| Mighty Morphin Power Rangers est un titre bien plus intéressant qu’il n’y paraît au premier abord. Il peut se lire indépendamment de la série Go Go Power Rangers, qui retrace l’origin story de l’équipe d’Angel Grove, comme un nouveau point d’entrée dans cet univers. C’est également une bonne manière de découvrir le monde foisonnant du super sentai, par le biais d’un scénario solide et plus accessible que les autres œuvres du genre. |
