Les Arpenteurs d’Agartha est une association dont le but est de promouvoir la culture de l’imaginaire au travers du jeu de rôle, qu’il soit papier ou grandeur nature, ainsi que des jeux de société anciens et modernes, tout en s’inscrivant dans les mouvements d’éducation populaire. Présente lors du festival afin de faire découvrir ses différentes activités, nous avons eu la chance de discuter avec ses membres de leur manière d’aborder l’imaginaire et de le partager.
Mille Mondes : Bonjour Esther, tu représentes l’association aujourd’hui, peux-tu commencer par nous expliquer comment sont nés Les Arpenteurs d’Agartha ?
Esther : Les Arpenteurs sont nés en 2016. À l’origine, il s’agissait d’un groupe d’amis qui aimait se réunir pour faire du jeu de société et du jeu de rôle, y compris grandeur nature. Comme il n’y avait aucune structure pour rencontrer d’autres amateurs dans leur région, ils ont décidé de la créer. De fil en aiguille, les membres ont invité d’autres amis à les rejoindre et l’association s’est développée autour d’une volonté commune de faire vivre des mondes imaginaires à travers un espace sécurisé, qui leur ressemble, dans lequel ils peuvent évoluer.

MM : Et pourquoi ce nom « Les Arpenteurs d’Agartha » ?
Esther : Ça vient de la théorie de la Terre creuse, aussi appelée théorie d’Agartha. Pour ceux qui ne la connaissent pas, cette théorie se base sur l’idée que la Terre serait creuse et qu’il y aurait tout un réseau de galeries qui relieraient différents points à la surface entre eux ainsi qu’à un monde caché dans son centre. Cette idée de chemins multiples qui mènent un peu partout, et surtout vers des univers imaginaires, c’est quelque chose qui nous parle beaucoup parce qu’on a pas envie de se limiter à un seul univers. C’est presque un problème sur les festivals comme celui-ci, où les zones sont divisées en thèmes, parce que nous nous passionnons autant pour la fantasy que pour la science-fiction ! L’idée des arpenteurs c’est d’ailleurs ça : être le pont entre tous les mondes de l’imaginaire.
« Notre but premier reste avant tout de faire vivre des expériences enrichissantes aux gens et de leur permettre de s’épanouir à travers ces activités. »
MM : Comment est organisée l’association et combien compte t-elle de membres ?
Esther : Nous essayons d’avoir une organisation aussi horizontale que possible. Bien que nous soyons légalement tenus d’avoir un bureau, avec un président et un trésorier, toutes nos séances sont ouvertes à l’ensemble des membres et chacun est invité à participer aux décisions. La transparence est essentielle pour nous, que ce soit sur les choix que nous faisons ou sur l’utilisation des fonds de l’association.
Concernant le nombre d’adhérents, nous avons à peu près 35 membres inscrits et nous atteignons 70 personnes en incluant nos sympathisants et membres ponctuels. Dans les faits, c’est assez variable, notamment parce que nous proposons différentes activités, auxquelles tous ne participent pas forcément. Certaines sont justement pensées pour renforcer la cohésion entre les membres et mobilisent en général une quinzaine de personnes, selon un roulement qui permet à tout le monde d’y participer. Par exemple, chaque semaine, nous organisons une soirée où l’on joue à des jeux de société ou à des jeux de rôle. Ces séances sont aussi ouvertes aux curieux qui ne sont pas encore adhérents, car notre objectif n’est pas de rester entre nous, mais au contraire d’accueillir le plus de monde possible. D’autres activités demandent une organisation plus poussée, comme ici à Yggdrasil, où notre troupe propose des animations et fait jouer les visiteurs. Nous intervenons aussi auprès de MJC et, parfois, pour des particuliers.
Enfin, nous créons également des jeux de rôle grandeur nature (GN). Pour des raisons d’assurance, l’adhésion est nécessaire pour y participer, mais c’est la seule contrainte. Notre but premier reste avant tout de faire vivre des expériences enrichissantes aux gens et de leur permettre de s’épanouir à travers ces activités.

MM : Peux-tu expliquer brièvement en quoi consiste le jeu de rôle grandeur nature (GN) et pourquoi Les Arpenteurs ont choisi cet angle pour partager l’imaginaire ?
Esther : On peut voir le GN comme une immense pièce de théâtre immersive où le passé a déjà été écrit par les organisateurs. Quand un joueur arrive, on lui explique les événements qui se sont déroulés jusqu’ici, le caractère et le vécu de son personnage, ainsi que ses objectifs. À partir de là, c’est à nous tous d’écrire la suite de l’histoire, tous ensemble.
L’idée est de vivre une aventure collective en simulant à la fois des enjeux personnels et des dynamiques de groupe. Comme dans la vraie vie, il y a ce que tu veux accomplir, ce que la société attend de toi, ce qui doit être fait, et la manière dont tu navigues entre tout ça. Tu peux choisir d’œuvrer avec ou contre ces objectifs, et incarner un antagoniste peut d’ailleurs être une expérience très cathartique ! L’essentiel est de rendre l’aventure la plus immersive possible, en permettant à chacun de se glisser dans la peau d’un autre le temps du jeu, tout en s’assurant que cela se déroule dans un cadre sain et bienveillant grâce à des règles adaptées.
Un GN peut durer une après-midi, 24 ou 48 heures, voire parfois une semaine complète – même si c’est plus rare. Il existe aussi des formats plus courts, comme la murder party, qui est en fait un GN sous forme d’enquête. Beaucoup de gens associent encore le GN à de grandes batailles, mais cela peut prendre bien d’autres formes : un sommet diplomatique, la résolution d’un crime, ou même un mélange des deux ! Pour moi, la murder party est une excellente porte d’entrée pour découvrir le GN.

Au-delà du GN, nous avons choisi le jeu comme vecteur d’éducation parce qu’il permet d’expérimenter et de réfléchir sans s’imposer de limites. L’un des piliers de notre association est l’éducation populaire, et plusieurs de nos membres sont des professionnels de l’animation engagés dans cette démarche. Le jeu est un formidable outil pédagogique : il encourage la réflexion tout en restant ludique. L’imaginaire, en particulier, permet d’explorer des idées sans contraintes, de dépasser ses barrières et de tester des choses librement. C’est une véritable expérience de vie qui peut révéler bien plus qu’on ne l’imagine !
MM : Vous avez également œuvré afin d’inclure les enfants dans toutes vos activités il me semble ?
Esther : Nous avons à cœur d’être aussi inclusifs que possible. Nos activités s’adressent à tous : enfants, adultes et personnes en situation de handicap. Parmi nos membres, plusieurs sont neurodivergents – autistes, TDAH, etc. Certains ont reçu un diagnostic tardif et ont parfois du mal à trouver leur place dans la société ou à évoluer en communauté. Notre rôle est aussi de les accompagner en leur offrant un cadre bienveillant, à travers des événements réguliers où chacun peut s’épanouir sans crainte d’être jugé. Nos activités sont intergénérationnelles : nous ne faisons pas une séparation stricte entre celles destinées aux enfants et celles pour les adultes. Bien sûr, certaines sont plus adaptées à un public qu’à un autre, mais nous privilégions une approche transversale.
« Nos activités s’adressent à tous : enfants, adultes et personnes en situation de handicap.»
Par exemple, l’une de nos animations les plus populaires est le trollball, un mélange entre le jeu du béret et une partie de touch rubgy… sauf qu’ici, les joueurs s’affrontent avec des épées en mousse ! C’est une activité qui plaît à tout le monde, petits et grands, car il suffit de mettre une épée en mousse dans les mains de quelqu’un pour réveiller son âme d’enfant. Nous tenons aussi à proposer des expériences adaptées à chacun, indépendamment de l’âge, du genre ou du handicap. Nous avons même organisé des parties de trollball pour des personnes polyhandicapées. Cela demande quelques ajustements, bien sûr, mais pour nous, tant que quelqu’un a envie de vivre une aventure, nous faisons tout notre possible pour qu’il puisse le faire à nos côtés. L’éducation et le jeu sont universels et au sein de notre association toutes les générations cohabitent et partagent des moments uniques. Ce qui nous unit avant tout, c’est l’envie de rêver et d’explorer ensemble.

MM : En tant que fan d’imaginaire, quelles sont tes oeuvres préférées du genre ?
Esther : Moi, j’aime beaucoup la fantasy. C’est un genre que j’ai découvert très jeune et qui m’a permis de traverser des épreuves de la vie pas forcément faciles. Une de mes œuvres favorites, c’est The Mortal Instrument, qui est malheureusement méconnue du grand public ! Les livres ont été adaptés en un film et une série, qui sont tous deux scandaleusement mauvais par rapport à l’œuvre originale ! Si je dois vous donner un conseil de lecture, ce sera celui-là.
Sinon, j’adore les romans de Terry Pratchett. Ses œuvres sont universelles.
Pour tout dire, j’aime beaucoup découvrir de nouvelles choses, donc mon titre préféré de demain sera sans doute différent de celui d’aujourd’hui !
MM : Où peut-on retrouver Les Arpenteurs d’Agartha pour en savoir plus ?
Esther : L’association est domiciliée sur la région grenobloise, c’est là où nous sommes les plus présent, mais nous avons aussi des membres sur Lyon et nous intervenons pour des prestations partout en région Rhône-Alpes.
Pour en savoir plus, nous avons un site internet qui répertorie tous nos réseaux, nous sommes présents sur Instagram, sur Facebook et surtout sur notre serveur Discord. C’est là où nous sommes les plus actifs, on y fait circuler toutes les infos sur toutes nos activités, les dates et les lieux, qu’il s’agisse de jeux de société, jeux de rôle, trollball ou organisations de GN.
Merci beaucoup aux membres des Arpenteurs présents lors du festival de nous avoir accueillis et de nous avoir permis de vivre une truculente rixe de taverne ! Leur passion et leur engagement sont une véritable source d’inspiration.
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