Mousquetaires fantastiques : Vive le Roy ! Vive la France !

Alexandre Dumas leur a offert leur âge d’or dans sa trilogie de romans Les Trois Mousquetaires, inspiré par les mémoires (apocryphes) du véritable Charles de Batz de Castelmore, dit d’Artagnan, et propulsant ainsi la figure de ce corps de soldats d’élite du XVIIe siècle dans la littérature. Si le genre de cape et d’épée est un peu passé de mode à la fin des années 1990, son retour au cinéma en 2023 dans le diptyque de Martin Bourboulon ou le tout récent Comte de Monte-Cristo, ont donné envie à de nombreux auteurs de se réapproprier la figure du mousquetaire. C’est une version jeunesse et franchement originale que proposent J.-C. Deveney (scénariste) et Dante (illustrateur) dans Mousquetaires fantastiques, aux éditions Delcourt.

« Pas plus tard qu’hier soir le marquis de Freycenet a échappé à une attaque des plus sauvages.
— Une meute de loups ? Une piqué de rapaces ?
— Pire que cela Valère ! Chiures de chouettes et parfum de putois. Le marquis en est à son troisième bain de suite.
»

Mousquetaires fantastiques tome 1 : La Fontaine du fabuliste, éditions Delcourt

Au service du Roy de France

Pour déjouer les complots, espionner les ennemis de la France ou résoudre des affaires délicates, Louis XIV peut compter sur un corps d’élite, le secret de Versailles, les mousquetaires fantastiques ! Mais lorsque ce sont les animaux qui se révoltent contre les humains et menacent le royaume, la ruse et l’épée sont impuissantes. Les mousquetaires, dirigés par le baron Savinien, se rendent donc chez un expert de la faune : le fabuliste, Jean de La Fontaine.
Si pour s’infiltrer chez les ennemis du Roy un bon déguisement fait l’affaire, pour entrer à la cour des animaux, les mousquetaires vont devoir troquer leurs peaux humaines contre une fourrure plus à propos. L’occasion pour eux de découvrir que, chez les bêtes comme chez les hommes, les conspirations s’ourdissent dans le dos des monarques…

Fable moderne

C’est avec autant de talent que d’humour que Jean-Christophe Deveney déroule une histoire fantastique de rébellion animale au temps du Roi-Soleil. Les dialogues cocasses et les aventures rocambolesques profitent de rimes savamment choisies, tout en se parant d’un discours fort à propos sur les rapports entre l’humain et les autres animaux. Les personnages sont inspirés des archétypes du genre : Savinien, le mentor mystérieux, Artimon, le vieux briscard bourru et son acolyte Valère, rusé et astucieux, associé à un La Fontaine végétarien et excentrique, qui s’exprime exclusivement en vers.

Ce premier tome propose une fantasy historique drôle et bien rythmée, parvenant à jouer astucieusement avec ses inspirations pour offrir un récit moderne, qui, comme toute bonne fable, se conclut par une morale. L’ensemble est souligné par les dessins de Dante, mis en couleur par Élise Follin, qui offrent le ton juste entre aventure, mystère et humour et rendent particulièrement bien les expressions animalières.

Jolie découverte

L’album se destine en premier lieu à un public jeunesse, mais offre quelques sous-entendus à destination des plus grands et, si sa fin promet une suite, l’éditeur nous assure que chaque tome pourra se lire indépendamment des autres, comme autant de missions différentes pour nos mousquetaires. Si ceux qui connaissent l’histoire savent que la cour de Louis XIV était pleine de mystères et de jeux de masques, les auteurs en ont fait le théâtre d’aventures qui n’auraient pas déplu à Molière. À ceux qui ont été traumatisés par Albert le cinquième mousquetaire dans leur enfance (c’était un dessin animé affreux, n’en déplaise à ses fans), cet album, une jolie découverte pour notre rédaction, pourrait bien vous réconcilier avec le genre !

Une fable délicieusement décalée, à la fois hommage à ses illustres inspirations historiques et pourtant résolument moderne, que les éditions Delcourt vous invitent à découvrir dès le 22 janvier.

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