Tombes : Junji Ito et l’horreur funéraire

Cela fait désormais quelque temps que la maison d’édition Mangetsu s’est lancée dans de vastes rééditions (et inédits) des œuvres de l’un des plus grands mangaka d’horreur de ce siècle, à savoir Junji Ito. Après de nombreux recueils et intégrales, toutes de très belle facture et toujours postfacé par l’expert numéro 1 d’Ito, Morolian, voilà que se profile à l’horizon Tombes, une nouvelle sélection de récits du maître dont on ne sort, après lecture, clairement pas indemne.

Horreur tombale

L’invité signant la préface du recueil a le mérite de donner le ton : Keiichiro Toyama, créateur du jeu Silent Hill, offre ainsi un regard éclairé sur l’influence du travail de Junji Ito sur le paysage de l’horreur moderne. Le plaisir presque macabre que l’on ressent à entamer chacune de ces histoires, ce frisson étrange qui nous parcourt l’échine tout au long des pages qui défilent, le cœur serré de voir le sordide sort des protagonistes condamné à errer dans des environnements cauchemardesques… Tout cela, et bien plus encore, contribue à statufier le génie d’Itô ainsi que sa maîtrise de l’ambiance et des situations souvent grotesques dans lesquelles il désire nous emmener.

Parmi les récits phares de ce recueil, celui du Rêve sans fin est la plus parfaite représentation du style Ito. Une femme rêve qu’elle meurt dans ses songes. Un homme est angoissé du fait que ses rêves s’allongent chaque nuit, de façon exponentielle. Et qu’arriverait-il si les rêves avaient une durée infinie? Face à ce phénomène, son médecin sera confronté aux mystères de l’univers et davantage… 

Sûrement l’un des plus beaux récits de Junji Ito, ni plus ni moins. Ensuite, si l’on désire explorer une horreur plus graphique, La ville funéraire est idéale (évitez cependant de mourir n’importe où), avec ses stèles funéraires présentes un peu partout et dont l’origine se révèle être… surprenante. D’autres incursions vaudront le détour, comme l’histoire terrifiante d’un Q.G. prétendument hanté ou avec Idées noires et sa représentation très imagée de nos pensées les plus sombres. 

Si le néophyte plongera en terrain inconnu avec cette nouvelle fournée de nouvelles, force est de constater que, pour le collectionneur émérite des précédentes éditions, il y aura comme un goût prononcé de déjà-lu. En effet, en raison d’un choix éditorial lié à la thématique restreinte de ce recueil, on retrouvera plusieurs histoires déjà présentes ailleurs.
Le reste des nouvelles inédites compense ce gros point noir, grâce à leur maîtrise et leur ambiance horrifique savoureuse.

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