Les Mille Mondes vous propose aujourd’hui une interview exclusive avec l’auteur Maxime Mirabel ! Écrivain de deux romans parus aux éditions Cordes de Lune, il fait partie des nouvelles voix de l’imaginaire français. Centré sur les Intelligences Artificielles, les voyages spatiaux ou encore le mystère et l’angoisse des espaces liminaux, Maxime Mirabel nous livre ici quelqu’une de ses belles inspirations.

Mille Mondes : Certains vous connaissent mais d’autres non, le moment est idéal pour vous présenter auprès de nos lecteurs !
Maxime Mirabel : Je suis Maxime Mirabel, je réside en Normandie avec mon épouse et ma fille et partage le reste de mon temps de vie entre mon métier de professeur de lettres classiques, la lecture et la musique. Je suis, en parallèle, auteur de quelques manuscrits, essentiellement de la fiction, mais je ne me considère pas (encore ?) écrivain : bien qu’ayant une quarantaine de textes terminés/en écriture, je suis au début de mon parcours « d’écrivant ». Mon premier roman publié, Pluton (Cordes de Lune, 2023), est un récit de science-fiction et concourt actuellement pour la finale du prix des Auteurs inconnus 2024. Mon second roman, Creepypasta : Backrooms, sorti cet été chez le même éditeur, exploite l’univers inquiétant des Backrooms qui innerve internet.
MM : Comment qualifieriez-vous votre style d’écriture ?
Maxime Mirabel : Difficile d’avoir un regard clair sur sa propre production ! Je crois pouvoir dire que ma plume est plutôt synthétique et va à l’essentiel. J’aime écrire avec précision et privilégie la construction de l’intrigue, pour ensuite développer et y intégrer des personnages.
MM : Comment arrivez-vous à concilier votre métier de professeur et votre vie d’écrivain, quels sont vos secrets ?
Maxime Mirabel : La conciliation est plus ou moins facile selon les périodes. Celles des examens et des corrections, par exemple, ralentiront forcément le processus d’écriture personnelle, tandis que les périodes de congés seront plus propices à l’épanouissement des idées, le temps libre aidant. Mais je n’ai pas de secret en particulier, en réalité j’écris dès lors qu’une idée s’impose avec trop d’insistance pour être laissée de côté. Cela demande un peu d’organisation et aussi de motivation, surtout quand il s’agit de résister à l’appel de Netflix/de la Switch/des sorties/insérer ici le loisir de votre choix, et de faire fi de la fatigue pour à la place se plonger dans l’écriture ; et ce, après avoir parlé textes et langue française toute la journée… Mais le travail avec les élèves peut justement nourrir la réflexion sur ma propre écriture, notamment dans leur compréhension des textes ou encore dans leurs rédactions, qui dévoilent leurs façons bien à eux de voir le monde.
MM : Quels sont les points communs entre Pluton et Creepypasta 1, en dehors du fait d’être édités chez Cordes de Lune ?
Maxime Mirabel : Ce sont des textes courts et de l’imaginaire : ils sont tous deux construits sur un canevas simple, mais solide : la descente aux Enfers pour l’un et le moyen de sortir d’un labyrinthe vertigineux pour l’autre. Je crois pouvoir dire que ces deux huis clos portent une certaine charge de suspense, et que leurs fins respectives étonneront le lecteur. C’est en tout cas l’objectif visé !

MM : Quelles sont vos inspirations et vos références de l’imaginaire ?
Maxime Mirabel : L’inspiration, volontaire ou non, est centrale dans l’écriture, quoi qu’en disent celles et ceux qui chercheraient à s’en défendre. Je le réalise pour ma part souvent après coup plutôt que pendant l’acte d’invention et ce, de façon inattendue. Par exemple, Pluton, qui raconte le voyage solitaire de plusieurs années d’un prisonnier condamné à rejoindre la planète éponyme [sic] pour y mourir, est à bien y regarder une relecture S.-F. du mythe d’Orphée et Eurydice. Outre ce réflexe de professeur de recourir involontairement aux récits anciens (on ne se refait pas !), il y a aussi des choses que l’inconscient vient nourrir. Dans ce premier roman, je retrouve Pyramid Song de Radiohead, que j’adore, avec ces paroles qui pourraient à elles seules résumer l’ouvrage. Ou encore des imaginaires qui ont baigné mon enfance comme Star Wars, avec un goût pour l’exploration spatiale et l’aventure qui ne m’a jamais vraiment quitté.
Pour Creepypasta, c’est plus évident. Il s’agit là d’un récit qui baigne dans l’univers créé par des anonymes sur internet, que je me suis accaparé le temps d’un roman. Pour celui-ci, les espaces liminaux et l’esthétique de la série Twin Peaks ont été de précieux alliés.
MM : Que représentent pour vous les littératures de l’imaginaire ?
Maxime Mirabel : Elles sont pour moi la quintessence de ce que la littérature est en capacité de réaliser [sic], à savoir l’exploration des possibles. Il serait ridicule et sans doute arrogant de hiérarchiser les genres, [les] mouvements littéraires ou même les auteurs et autrices. Ainsi, pour satisfaire au cliché du prof de Lettres, j’adore Honoré de Balzac et Victor Hugo par exemple, dont la langue est admirable et les récits souvent empreints de réalisme. Mais quand je lis un roman de S.-F. comme Boule de Foudre de Liu Cixin ou n’importe quel Stephen King tirant vers le fantastique, même si l’écriture ne tutoie pas les mêmes sommets, je ne peux m’empêcher d’être aspiré par ces plongées sublimes qui dépassent le cadre de nos existences. Les littératures de l’imaginaire ouvrent en ce sens une voie prodigieuse, celle de l’ailleurs, sans doute la plus passionnante à explorer.
MM : Quels sont vos futurs projets ?
Maxime Mirabel : J’ai pour ambition de terminer mon prochain manuscrit, qui est une humble relecture de mon roman favori, Les travailleurs de la mer de Victor Hugo, dans un contexte d’anticipation. J’ai par ailleurs participé à l’écriture à quatre mains d’une romance avec mon épouse, que nous avons soumise pour un concours d’écriture : nous croisons les doigts dans l’attente du résultat ! Creepypasta de son côté porte la mention « #1 » car il est envisagé d’en faire une série dont un nouveau tome, consacré à une légende d’internet différente, sortira chaque année ! Enfin, plus généralement, je continue à reprendre des manuscrits ici et là qui n’ont pas encore trouvé éditeur, dont notamment mon plus gros projet, un récit choral historique qui se déroule au XIXe siècle et qui évoque la plus grande tornade de France qui a ravagé un village normand… Rien à voir en l’occurrence avec la S.-F. ! ^^
MM : Si je vous dis « Les Mille Mondes » et l’imaginaire, qu’est ce que cela vous inspire ?
Maxime Mirabel : Ces appellatifs m’évoquent les multivers, l’ouverture de l’esprit aux possibles et aux variétés d’histoires et de mondes fictifs, tournés vers un infini enthousiasmant. Le nom que vous avez donné à votre média est ainsi inspirant et bien trouvé : on lui souhaite le meilleur et longue vie !
MM : Libre parole, un ou des sujets de votre choix en lien avec la littérature, l’imaginaire, la culture ou autre chose que vous souhaiteriez aborder comme mot de la fin ?
Maxime Mirabel : Un mot enfin sur la maison d’édition qui a accueilli mes deux premiers textes, les éditions Cordes de Lune. Cette maison d’édition indépendante, à compte d’éditeur, est encore jeune dans le panorama éditorial, mais s’y est déjà fait une place grâce au sérieux et à l’enthousiasme de son équipe, son éditrice Chloé Garcia en tête. C’est grâce à son implication et sa vision éthique du métier que j’ai eu la chance de voir mes premiers écrits prendre vie : ce sont des choses que je n’oublie pas et desquelles je serai toujours reconnaissant. Cordes de Lune a su très vite enrichir son catalogue avec des œuvres qui apportent un vent de fraîcheur aux littératures de l’imaginaire, aussi vous encouragé-je à découvrir leurs titres, et leurs autrices et auteurs !
Merci d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Creepypasta 1 : Backrooms et Pluton sont disponible chez Cordes de Lune.
