Inspiré par l’histoire vraie du pilote Kanno Naoshi, 343 Sword Squad est un manga de Souichi Sumoto, à qui l’on doit déjà les aventures aériennes de Zéro pour l’éternité. L’auteur propose ici un univers qui réunit une nouvelle fois ses deux thèmes de prédilection : l’aviation et la Seconde Guerre mondiale. Point de quête identitaire cependant, cette nouveauté, disponible depuis le 9 octobre chez Delcourt/Tonkam, nous emmène directement en 1944, alors que le Japon est sur le point de perdre la guerre…
« Ils osent appeler une attaque où on est foutus d’avance une « tactique » ? »
343 Sword Squad tome 1, Souichi Sumoto, Delcourt/Tonkam
Un pilote émérite
Naoshi Kanno, surnommé le Chasseur jaune, Bulldog ou encore Kanno le destructeur, est un as, un pilote de Zéro émérite, connu pour ses prouesses aériennes et son courage qui confine à l’imprudence. En septembre 1944, alors que la guerre approche de sa fin et que le Japon voit poindre la défaite, le jeune homme est prêt à s’engager dans les rangs des kamikazes pour aller larguer 250 kilos d’explosifs sur les appareils américains. Mais Kanno est un pilote trop précieux pour pouvoir être sacrifié, pour lui, le général Minoru Genda à d’autres plans : en faire l’un des chefs d’escadrons d’une unité de défense territoriale spéciale, la 343e.
Cuirassés et bombardiers
Bien évidemment, les fans de fiction historique seront les premiers ravis de découvrir cette œuvre au trait impeccable, véritable hommage aux avions et uniformes d’époque. Souichi Sumoto, connu pour son talent lorsqu’il s’agit de représenter cuirassés et bombardiers, donne ici toute la mesure de ses compétences. Si les combats aériens sont particulièrement réussis, le manga ne pèche dans aucune de ses scènes : les personnages, les environnements ou encore les véhicules terrestres disposent du même soin et du même souci du détail.
Scènes de guerre
Bien que l’œuvre comporte quelques modifications par rapport à la réalité historique, notamment pour donner plus de profondeur à ses protagonistes (l’ajout d’une petite sœur, Shigeko, pour Kanno, certaines scènes de la vie de Minoru Genda…), l’histoire suit assez fidèlement le déroulé de la guerre qui s’est jouée dans le Pacifique. On note également une certaine pudeur dans la façon dont le conflit et sa violence sont traités : les attaques kamikazes sont nommées « attaques par abordage », la violence est suggérée plus que montrée et l’auteur, s’il évoque l’idée « d’honneur » qui habitait les pilotes volontaires pour se sacrifier, n’encense jamais cette politique d’abnégation forcenée.
Avec un talent qu’on lui connaissait déjà depuis Zéro pour l’éternité, Souichi Sumoto rappelle qu’une guerre n’est souvent pas un conflit qui oppose des « gentils » contre des « méchants », mais uniquement des États convaincus de détenir la vérité et déterminés à imposer leur vision du monde. Loin des intérêts politiques, il y a des hommes et des femmes, qui se battent, subissent et meurent. Grâce à son trait détaillé, son don pour humaniser ses personnages et sa volonté de faire briller les petites histoires qui se trouvent dans la grande, l’auteur nous offre, avec 343 Sword Squad, un formidable récit d’action.