Magma, l’Enfer est un paradis paisible

Découvrir Magma, c’est plonger dans une œuvre intrigante, poétique, difficile à classer. L’album en lui-même livré dans l’écrin d’une jaquette somptueuse, qui, une fois retirée, révèle sa mystérieuse couverture rouge sang. C’est aussi un scénario entre conte mythologique, tranche de vie historique et récit fantastique. D’une beauté insolente, ce roman graphique que l’on doit au seul travail de Nicolas Bastide propose une relecture fascinante du mythe d’Orphée aux enfers.

« Sarah, si tu veux un conseil : prends garde de bien respecter les traditions… »

Magma, Nicolas Bastide, éditions Glénat

Un endroit merveilleux

Malgré sa réputation d’île volcanique maudite, Core est le siège d’une communauté paisible, qui vit presque coupée du reste du monde, dans un XIXe siècle romancé. C’est là que la petite Sarah va vivre un accident qui va la plonger dans une courte période de coma. Lorsqu’elle s’éveille, la fillette affirme qu’elle a glissé dans un autre monde durant son inconscience, un « endroit merveilleux avec des rivières rouges comme le soleil ». Après cet incident, Sarah n’est plus la même et ses parents, inquiets, l’envoient dans un institut religieux de la ville de Horntown, sur le continent. Quarante ans plus tard, Mary chute au même endroit et plonge elle aussi dans le coma, sauf qu’elle ne s’éveille pas. Son compagnon, Asiel, est approché par les parents de Sarah qui pensent que Mary a peut-être glissé elle aussi dans cet autre monde décrit par leur fille des années auparavant. Le journal qu’elle tenait pourrait-il être la clé de la guérison de Mary ? Qu’est-il arrivé à Sarah après qu’elle a débarqué au sein du Culte d’Horntown ? En cherchant des réponses, et un remède pour sa bien aimée, Asiel ne risque-t-il pas, lui aussi, de chuter dans les limbes ?

Brûlant

Sublime du début à la fin, dans son fond comme dans sa forme, Magma tisse une histoire qui parle aussi bien du poids du passé et des superstitions que du rapport à la mort. Difficile de démêler ce qui relève de l’imagination des personnages et les faits, dans cette enquête qui réunit des événements qui se sont produits quarante ans en arrière avec ceux d’aujourd’hui. 

Graphiquement, c’est sans contexte une réussite. Si l’île de Core à l’air d’être figée hors du temps, la ville d’Horntown évoque tout autant ces cités portuaires irlandaises ou britanniques pas encore industrialisées du début du XIXe siècle. Une ambiance fidèlement retranscrite grâce à un trait au style gothique, à la fois détaillé et précis, mais qui n’oublie pas de laisser une atmosphère de mystère aux décors et aux personnages. Ainsi qu’une utilisation particulièrement intéressante du rouge comme symbole. 

Difficile d’en dire plus sur Magma sans en révéler trop, mais sachez que ce roman graphique dans lequel se mêlent romantisme, mysticisme et fantastique est sans doute l’une des plus belles découvertes de cette fin d’année. Pour son tout premier album en solo, Nicolas Bastide propose un véritable chef-d’œuvre.

Cet ouvrage a été chroniqué dans le cadre d’un service presse.

Les commentaires sont fermés.

Créez un site ou un blog sur WordPress.com

Retour en haut ↑