Sur fond de mythologie hindoue, Ram V et Filipe Andrade nous entrainent dans un récit coloré, où passé et présent, mythe et réalité, amour de la vie et pulsion de mort, art et gastronomie s’entremêlent en une fable existentielle. Une sortie prévue pour le 27 septembre 2024.

Dans la mythologie hindoue, Bakasura est un rakshasa (un démon), un ogre connu pour engloutir des montagnes de nourriture, mais aussi ceux qui l’ont préparée. Un jour, Bhima, fils du dieu Vayu, terrasse le démon, mettant ainsi un terme au calvaire des mortels. Le monstre a pourtant survécu, il se cache et essaie de dompter son insatiable appétit en restant terré loin des regards. Devenu une légende, un souvenir lointain dont l’existence se résume à un conte parcellaire, il n’est plus connu que comme le mangeur de chair humaine. Pourtant, aussi monstrueuse que sa nature ait été, il fut également un poète et un voyageur érudit. Un jour, Bakasura décide de quitter sa retraite secrète et de se fondre dans le monde des humains, ces créatures qu’il aime tant, dont il a tant aimé se repaître et dont il ne se lasse pas de découvrir la culture, le sens du goût, l’art de marier les saveurs et de les accommoder pour se nourrir. Car Bakasura est un épicurien. Il aime les gens. Et il aime tout chez eux…
C’est sous le nom de Rubin Baksh que Bakasura, au début de ce récit, se présente à Mohan, un ancien réalisateur rongé par la dépression, qui traine une vie sans relief et sans passion. Rubin a en effet un projet. Ce sera son dernier festin, son dernier périple à la recherche de sa propre destinée. Ce dernier festin, il veut le vivre, mais surtout en faire une œuvre d’art ultime et totale, et pour cela, il ne voit pas d’autre moyen que de tourner un film. Mohan sera son compagnon de voyage, le réalisateur de son film et le témoin d’une quête initiatique où le trivial côtoie le merveilleux, où rôde, sous les atours de la beauté, l’ombre de la tragédie, mais d’où irradie aussi la promesse d’un apaisement.

En six chapitres et autant de véritables recettes (Masala Chai, Laal Maas, Raan, Daal, Triple Schezwan Rice, et Paal Payasam pour finir sur une note sucrée), Ram V nous raconte une fable qui plonge ses racines dans la culture hindoue pour atteindre une dimension universelle. Ce sont nos rapports à la nourriture et leurs ramifications profondes, au cœur de notre inconscient, qu’il interroge. Point de cristallisation de nos émotions et de nos souvenirs, située à la croisée des concepts de nature et de culture, la nourriture a à voir avec tous les aspects de l’existence, des plus basiques aux plus spirituels, et c’est aussi de cela que nous parle Rubin.
Au dessin, Filipe Andrade prête son talent à la mise en image de ce récit envoûtant, où une divinité terriblement humaine nous invite à son dernier festin.

