Neuf ans après l’époustouflant Vice-versa, le studio Pixar revient avec une suite dont le
succès tonitruant au box-office peut rassurer comme inquiéter. Retour sur les dernières années compliquées d’un des plus grands studios d’animation et la longue gestation de Vice-versa 2.
« Je ne sais pas comment arrêter l’anxiété. Peut-être que c’est ce qui arrive quand on grandit, on ressent moins de joie. »
Joie, Vice-versa 2.
Les temps sont durs, même pour Pixar
Entre Vice-versa premier du nom et cette suite, Pixar est passé par une succession de complications qui auront annulé bon nombre de projets et en auront remis en chantier d’autres. Ce qui est sûr, c’est qu’après avoir jeté en pâture à la SVOD Soul, Luca et Alerte rouge (pour des résultats franchement tièdes) et enchaîné deux bides en salles, Buzz l’Éclair et Élémentaire, le studio a dû revoir ses impératifs créatifs pour revenir à des valeurs sûres.
Ainsi, choisir de faire des suites à leurs plus grands succès n’a rien d’étonnant, d’autant qu’elles se sont pour l’instant révélées hautement qualitatives (Toy Story 4, Les Indestructibles 2). Ce qui peut en revanche inquiéter, c’est de voir comment leurs derniers projets originaux n’ont pas su trouver leur public et pourraient renforcer encore davantage une politique de moindre risque. Le désert créatif n’est pas loin, mais Pixar s’y engouffre- ?
Une suite qui rassure, mais…
Ce qui nous amène à cette année 2024 et à la sortie de ce fameux Vice-versa 2, suite peu surprenante quand on pense à la scène finale de son prédécesseur, qui annonçait l’arrivée de la terrible puberté. Ce sera-là la thématique centrale de ce deuxième volet de la vie de Riley : gérer l’arrivée de nouvelles émotions (Anxiété, Envie, Embarras et Ennui), tout en arrivant à construire sa personnalité.
En cherchant à mettre en images les émotions complexes d’une pré adolescente en quête de repères à un moment charnière de sa vie, Pixar réitère un succès créatif plein d’inventivité, visuellement alléchant, qui arrive à nous faire passer du rire aux larmes avec une facilité désarmante.
Le chemin emprunté par Joie, Tristesse, Dégoût, Colère et Peur afin d’aider Riley, rappellera immanquablement certaines scènes du premier volet, avec cette quête de retour au centre de Contrôle cérébral et cet impératif de temps rythmant l’aventure, mais les émotions ressenties sont encore une fois présentes.
On prend plaisir à revoir notre chère équipe, affublée de nouveaux collègues, et à découvrir la manière dont Pixar explore les travers de l’adolescence. Le studio fait ici preuve d’une pédagogie et d’un sens de la mise en scène réussis, qui sauront s’adresser à un très large public. Pixar n’est, pour l’heure, pas mort et Vice-versa 2 montre leur talent à réaliser des suites maîtrisées de bout en bout.