Les Larmes du yokaï : enquête chez les samouraïs

Annoncé en grande pompe depuis un mois sur les réseaux sociaux, Les Larmes du yokaï débarque enfin en librairie le 11 septembre. Premier tome d’une saga que l’on espère longue, il propose, à la manière de certaines séries TV ou certains mangas, des enquêtes conclues en un volume, mais un fil rouge qui conduit l’ensemble de l’histoire. Et quelle histoire ! À la fois inspirée par la culture et les mythes japonais, elle nous offre mystères, action, surprises et beaucoup d’humour, le tout dans un album aux dessins frais et coloré, servi par les illustrations de Margo Renard et l’aquarelle de Grelin.

« J’vous ai pas traitée d’idiote, je vous ai seulement qualifiée d’imbécile. »

Caleb, Les Larmes du yokaï, éditions Glénat

Intrigue, mystère et lame magique

Sur l’île d’Onogoro, Caleb, un samouraï errant, et son fidèle (et légèrement naïf) serviteur Doglass officient comme mercenaires afin d’encaisser les primes mises sur la tête des bandits du coin. Leurs (més)aventures les mènent jusqu’à la ville de Chidori, où les gaijins, les étrangers, comme eux, ne sont pas les bienvenus. Affamés et sans le sou, ils sont généreusement accueillis par Béryle, une veuve qui tient une auberge avec son jeune fils. Mais Caleb, qui a un don pour s’attirer des ennuis, déclenche une bagarre qui l’envoie croupir dans les geôles du daimyo local. Là, il apprend que les abeilles, qui sont à la base de toute l’économie de cette cité apicole, meurent petit à petit dans des circonstances mystérieuses. Un problème qui ne semble pas émouvoir le daimyo, qui continue de réclamer des taxes exorbitantes aux apiculteurs. Caleb décide de mener l’enquête, mais derrière les secrets se cache bien souvent le danger et son investigation risque de le forcer à utiliser sa larme de yokaï : un sabre transmis par son père, qui contient l’esprit d’une créature légendaire.

Des personnages hauts en couleur

Brillamment menée, l’histoire nous présente un duo comique et malin, dans la grande lignée des couples d’enquêteurs célèbres, de Sherlock Holmes et Watson à Jackie Chan et Chris Tucker ! Antihéros débonnaire, pingre, fainéant et au sale caractère, Caleb cache un fin esprit de déduction et un grand talent pour le combat. De son côté, Doglass, sous ses airs de sous-fifre un peu benêt, se révèle un acolyte courageux et au grand cœur. Les personnages secondaires ne sont pas en reste : Béryle est une femme forte et indépendante, si la mort de son mari l’a profondément affectée, elle ne s’apitoie pas sur son sort et se montre prête à se battre pour son jeune fils, Tristan. Ce dernier, fasciné par les larmes de yokaïs, d’autant que son père en possédait une, contrebalance, par sa candeur, le cynisme de Caleb.

Le scénario est agréablement rythmé. Les passages narratifs font la part belle aux illustrations, tandis que les scènes d’action sont découpées de façon claire et dynamique. Les combats sont dignes des meilleurs films d’arts martiaux et la mise en scène du pouvoir des larmes n’a pas à rougir face à des œuvres telles que Demon Slayer. Le drame qui frappe les apiculteurs de Chidori n’est pas non plus un simple prétexte, mais bien une véritable énigme, aussi bien amenée que conclue. Ses tenants et aboutissants servent une trame plus vaste, qui préfigure une aventure de longue haleine pour les héros.

Une bande dessinée mature

Ne vous fiez pas à ses dessins mignons et ses couleurs vives, Les Larmes du yokaï est une histoire d’enquêtes et d’aventures qui s’adresse à un public adulte. Tout du moins, certaines de ses scènes de combats ne sont pas à mettre entre de très jeunes mains. Les bagarres se déroulent dans le sang, la souffrance et impliquent parfois des morts. D’ailleurs, l’œuvre contient un sous-texte social, politique et écologique assez évident, que l’on peut tout à fait choisir d’ignorer, mais qui montre sa volonté de s’adresser aux plus grands. Certaines de ses références, elles aussi, ne pourront faire sourire que les personnes ayant dépassé la trentaine (et les fans de Daniel Balavoine) ! Mais que les autres se rassurent : l’aventure est belle, drôle et addictive, même pour ceux à qui certains easter eggs échapperaient.

Si l’histoire reprend les codes des mythes et de la culture japonaise, c’est pour se les approprier et en faire un récit complètement original, moderne et ludique, là où il aurait été facile d’adapter des contes populaires. Ajoutons que les quatre-vingt-huit pages de ce tome sont loin d’être chiches ! Elles prennent le temps d’installer l’intrigue, les personnages et les enjeux, sans jamais user de facilités de scénario ou donner l’impression d’aller trop vite. Une faiblesse que l’on retrouve trop souvent dans les intrigues condensées en un seul volume. Les Larmes du yokaï coche décidément toutes les cases d’une aventure réussie.

Après avoir refermé ce premier tome des Larmes du yokaï, notre seule envie est de découvrir la suite ! On ne peut donc que vous conseiller de vous plonger vous aussi dans ce mélange d’action, d’enquêtes et d’aventure, d’apprécier le talent de ses artistes, de remercier Loïc Clément pour son scénario si inventif et de profiter de ce récit truculent et plein de charme. Les éditions Glénat nous proposent-là le plus bel album de cette rentrée littéraire.

Cet ouvrage a été chroniqué dans le cadre d’un service presse.

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