La Chute de la Maison Usher : avant Mike Flanagan, Jean Epstein adaptait un classique de la littérature fantastique

Durant les années 1920, les transpositions de classiques de la littérature fantastique sont en plein essor, entre le Nosferatu de Murnau et Le Cabinet du docteur Caligari de Wiene. 

Alors que tout est encore à découvrir et à expérimenter en matière de cinéma fantastique (les rêveries de George Méliès ne sont pas si lointaines), le réalisateur français Jean Epstein se prête au jeu  aux côtés de Luis Buñuel afin d’adapter un récit majeur de l’auteur Edgar Allan Poe : La Chute de la maison Usher.

Nouvelle gothique par excellence, elle explore la démence et la déliquescence familiale des Usher au travers de Roderick et de sa femme, Madeleine, enfermés dans leur demeure entourée de brumes. 

Si Epstein occulte la personnification du lieu de vie des Usher, élément central du récit d’origine, il s’attarde davantage sur les personnages, cloisonnés au sein de pièces aussi sombres que leur âme. Il peaufine ainsi son ambiance et n’hésite d’ailleurs pas à lier l’histoire à une autre nouvelle, plus courte, de Poe, Le Portrait ovale, afin d’offrir une origine plus concrète et fantastique au décès de lady Usher. 

Un parti pris efficace, qui s’ajoute à l’expérimentation technique de Epstein : des plans ralentis accentuant l’aspect tragique des mésaventures des Usher, d’autres rapprochés pour évoquer la folie de Roderick…

Et bien sûr, le cadre à la fois gothique, rural, et marécageux du domaine familial, qui embarque le spectateur dans un univers fantastique et horrifique, posant les bases visuelles d’une horreur encore informe, dont la cinégénie n’est, à l’époque, qu’à ses débuts. 

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