Okko : Le Cycle de l’eau, de Hub

Dans (Re)Lire, nos rédacteurs se penchent sur des œuvres qui ne sont pas des nouveautés, mais qui ont marqué la littérature. Qu’il s’agisse de succès intemporels ou d’ouvrages injustement méconnus, venez (re)découvrir ces pépites du passé à nos côtés.

Okko : Le Cycle de l’eau, comprenant les tomes 1 et 2 de la série, est une bande dessinée créée par l’auteur et dessinateur français Hub (pseudonyme d’Humbert Chabuel). Publiée par les éditions Delcourt, cette œuvre nous plonge dans un Japon médiéval imaginaire, où l’on suit les aventures d’Okko, un samouraï errant, et de son groupe hétéroclite, au fil d’une quête mêlant mystère et fantasy.

« Noshin ! J’ai l’impression que cette route n’est pas celle que nous avons prise pour venir…
– Hihihi… Qui reprend deux fois le même chemin n’avance jamais…
»

Okko : Le Cycle de l’eau tome 1, Hub

L’histoire

Dans les terres de l’Empire du Pajan, loin des conflits entre clans pour le pouvoir, Okko, un ronin solitaire, mène un petit groupe de chasseurs de démons. À ses côtés se trouvent Noburo, un imposant guerrier cachant son visage sous un masque rouge, et Noshin, un moine excentrique passionné de saké. Leur tranquillité est perturbée lorsque Tikku, un jeune pêcheur, sollicite leur aide pour retrouver sa sœur enlevée par des pirates. Leur quête les conduit au château Satorro, où, malgré un accueil chaleureux, une étrange atmosphère les pousse à se méfier. Déterminé, Tikku décide d’explorer les lieux pour percer leurs secrets.

Une intrigue linéaire manquant de profondeur

La bande dessinée se déroule sur une période relativement brève, répartie sur deux tomes. Le premier se concentre sur une quête simple : un groupe d’hommes de diverses origines sociales part à la recherche d’une jeune femme enlevée. Ce récit, d’apparence classique, prend un tournant à mi-chemin du premier tome avec l’introduction du narrateur, Tikku. Cet élément inattendu confère à l’histoire une dimension initiatique, transformant le récit de quête en un parcours d’apprentissage pour Tikku, guidé par les personnages d’Okko et Noshin. Toutefois, malgré cette tentative de complexification, l’intrigue reste assez simpliste et manque de développement. De nombreux éléments, tels que la religion, l’instruction de Tikku, ou encore le contexte géopolitique du monde dans lequel ils évoluent, sont à peine explorés, laissant le lecteur sur sa faim.

okko planches hub
okko planches hub

Un univers visuellement riche, mais des personnages peu développés

Le véritable atout de cette bande dessinée réside dans ses dessins. Les illustrations sont minutieusement détaillées, offrant des paysages souvent magnifiques qui ancrent efficacement l’histoire dans un Japon médiéval imaginaire. Les couleurs utilisées sont porteuses d’une forte symbolique (les planches sur certains esprits portées par leurs couleurs par exemple) et renforcent l’immersion du lecteur dans cet univers particulier. Chaque nouvelle scène est habilement marquée par un changement d’ambiance visuelle, ce qui contribue grandement à l’atmosphère générale du récit. Cependant, cette richesse graphique contraste fortement avec le traitement des personnages qui restent globalement statiques et peu développés. Le manque d’informations sur leur passé ou leur personnalité rend difficile l’attachement du lecteur à ces figures pourtant centrales dans l’histoire. Ce défaut est d’autant plus regrettable que l’immersion visuelle offerte par l’œuvre aurait pu être renforcée par une profondeur psychologique plus travaillée.

En résumé, cette bande dessinée séduit avant tout par son esthétique soignée et son univers visuel richement détaillé, qui immerge le lecteur dans un Japon médiéval réinventé avec brio. Cependant, cette qualité graphique ne parvient pas à compenser un scénario linéaire et des personnages insuffisamment développés. Si l’œuvre offre une expérience visuelle indéniablement captivante, elle échoue à créer une véritable profondeur narrative, laissant le lecteur sur une impression d’inachevé. Une lecture qui plaira aux amateurs d’art graphique, mais qui pourrait décevoir ceux à la recherche d’une histoire plus complexe et engageante.

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